Le vrai monde? : Le miroir à deux visages
Deuxième étape du projet concocté par le Théâtre Blanc et le Théâtre Le Poche: les productions Léviathan Coccyx et Le vrai monde? échangent de salle – d’un côté à l’autre de l’Atlantique.
Alors que Léviathan Coccyx s’envole vers Genève, le metteur en scène Gill Champagne et son équipe, des concepteurs et des comédiens suisses, débarquent à Québec avec la pièce de Michel Tremblay. Après quatre semaines de représentations à Genève, où ils ont fait salle comble et reçu un accueil très chaleureux, ils joueront au Périscope où on les attend avec enthousiasme: presque tous les billets, déjà, sont vendus.
Le vrai monde? présente un jeu de miroirs entre réalité et imaginaire. Claude, qui rêve de devenir auteur, a écrit une première pièce. Sa source d’inspiration: sa famille. Ainsi, le père, la mère et la soeur de Claude deviennent personnages de sa pièce. S’ensuit un fascinant parcours où se croisent et se rencontrent personnages réels et personnages imaginés. Où est la vérité? Quelle est la part d’invention? Où est la frontière entre les deux?: autant de questions que pose, en brouillant les pistes, le texte de Tremblay.
On l’a dit: les oeuvres de Michel Tremblay sont universelles. Avec le succès du Vrai monde? à Genève, preuve en est faite une fois de plus. "J’ai été agréablement surpris de la réception par le public de Genève, confie Gill Champagne. Les gens reconnaissent, dans la pièce, des oncles, des parents, des gens qu’ils ont connus. Même si l’action se passe au Québec, la relation entre les gens, l’émotion, aussi, qui est véhiculée dans ce texte-là lui donnent un caractère universel. C’est une émotion qui peut avoir été vécue par tout le monde: par des gens qu’on connaît ou par nous-même. Dans l’univers de Tremblay, on a tout le temps des repères, tout le temps quelque chose qui nous rentre dedans. C’est ça qui est intéressant."
Le metteur en scène, directeur artistique du Théâtre Blanc, aborde cette pièce "en mettant le texte au premier plan – c’est ma façon à moi de travailler une oeuvre dramatique." Le travail avec les concepteurs et les comédiens suisses a été un plaisir. Ce qui n’empêche pas, toutefois, certaines difficultés dans l’apprivoisement, par les comédiens suisses, d’un texte québécois auquel on n’a changé "ni une virgule, ni un apostrophe".
"Moi, je ne voyais pas, au départ, de difficulté dans le texte; ce n’est quand même pas un texte en joual. Par contre, les comédiens ont rencontré plusieurs difficultés qu’on s’est amusés à régler, dans certaines expressions, certaines élisions, dans le rythme, aussi. Je suis très exigeant sur la parole, sur le rythme de la parole; les comédiens ont eu un gros apprentissage à faire pour se mettre le texte en bouche. Ils l’ont vraiment appris comme une partition presque musicale, ce qui pour eux devenait une autre langue. Les gens sont très émus par ça: par cette espèce de langue qui n’appartient pas au Québec, qui n’appartient pas aux Suisses, mais qui appartient à un univers: c’est vraiment une musique. On a plongé là-dedans, complètement."
Un échange comme celui qu’expérimentent en ce moment les deux compagnies apporte, évidemment, beaucoup aux artistes qui y participent. Pour Gill Champagne, "ça confirme des idées. Le fait de partager ta vision avec des comédiens étrangers qui ne te connaissent pas, que tu ne connais pas non plus, ça rassure, en ce qui concerne ta façon de faire, de voir, d’entendre le théâtre; parce qu’évidemment, en tant qu’artiste, on se remet toujours en question. C’est une expérience d’équipe assez extraordinaire."
Du 22 octobre au 9 novembre
Au Théâtre Périscope
Voir calendrier Théâtre