Le Reine de beauté de Leenane : Jouer à la mère
Scène

Le Reine de beauté de Leenane : Jouer à la mère

Après 40 ans de métier, DENISE GAGNON a encore l’humilité d’une débutante. Et même plus! En effet, quel jeune artiste demanderait, à la fin d’une entrevue: "Pourquoi avez-vous choisi de m’interviewer, moi?" D’accord, elle n’est peut-être pas une vedette, mais parions, à l’instar du metteur en scène MARTIN FAUCHER, que ceux qui la verront dans La Reine de beauté de Leenane ne l’oublieront pas de  sitôt…

"À mon âge, je considère que ma carrière est davantage derrière que devant moi. Je suis donc plus détendue pour choisir les pièces dans lesquelles je jouerai", constate Denise Gagnon. Si elle a accepté un rôle dans la pièce de l’auteur britannique Martin McDonagh, c’est pour la richesse du personnage proposé – "c’est toujours excitant de jouer un méchant!" – et le plaisir de travailler avec un metteur en scène "qui sait ce qu’il veut" et des comédiens qu’elle respecte (Steve Laplante, Jean Maheux et sa complice de longue date Micheline Bernard).

L’action de La Reine de beauté… se déroule à Leenane, une petite ville pluvieuse d’Irlande. À 40 ans, Maureen n’a toujours pas trouvé l’âme soeur et vit avec sa mère vieillissante, amère et manipulatrice. Un jour, l’occasion d’échapper à cet enfer se présente, mais la marâtre refuse de laisser sa fille voler de ses propres ailes… "C’est l’histoire d’un combat entre une fille et sa mère, qui voit arriver à grands pas la vieillesse et ne veut pas vieillir seule", résume Denise Gagnon. Martin McDonagh avait 23 ans quand il a écrit cette pièce, jouée en Irlande, en Angleterre, à New York et à Montréal. Un peu comme le jeune Michel Tremblay avec ses Belles-soeurs, ce petit prodige a imaginé des personnages féminins hyperréalistes, au destin tragique et, pourtant, tristement ordinaire. L’interprète, dont la fille (Marie-Ève Gagnon) oeuvre aussi dans le milieu, est fascinée par la maturité de ce portrait d’une relation mère-fille malsaine et par la "grande connaissance de l’âme humaine" du jeune auteur.

Présentée en français dans une traduction de Fanny Britt, La Reine de beauté de Leenane oscille entre le burlesque et le tragique. "Les spectateurs ne seront pas désorientés, puisque les personnages présentés sont universels et que l’Irlande, telle que dépeinte par l’auteur, est aux prises avec une problématique politique qui se rapproche de celle du Québec."

Enfin, la comédienne se méfie du piège de l’habitude, avec cette humilité qui ne la quitte pas. "L’expérience ne facilite pas toujours le travail. Parfois, l’expérience fait que l’on sait sur quel bouton appuyer pour que cela fonctionne. Mais qui souhaite jouer tous ses rôles exactement de la même façon? Il faut se méfier de l’expérience…"

Du 5 au 30 novembre
Au Trident
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