Le Songe d'une nuit d'été : Un rêve sans magie
Scène

Le Songe d’une nuit d’été : Un rêve sans magie

Le Songe d’une nuit d’été : Un défi à moitié relevé par le chorégraphe John  Alleyne.

S’attaquer à ce classique de Shakespeare n’est pas une mince affaire: non seulement Le Songe d’une nuit d’été a-t-il été très souvent adapté au cinéma et au théâtre, mais de plus, il représente un défi pour un chorégraphe qui compose une première oeuvre narrative.

En effet, John Alleyne, chorégraphe formé à l’École nationale de ballet de Toronto et aguerri à la création au Stuttgart Ballet où il a fait des merveilles, prend un virage inattendu avec ce ballet créé pour le British Columbia Ballet (où il travaille depuis 10 ans) en novembre 2000, et présenté la semaine dernière à la Salle Wilfrid-Pelletier.

Habitué à des pièces abstraites et contemporaines, John Alleyne signe ici une oeuvre plus populaire: bien qu’il s’éloigne de la trame narrative précise du Songe, il a gardé les personnages principaux, tel Puck (interprété avec brio par Emily Molnar), mais également les Titania (Sandrine Cassini), Obéron (Edmond Kilpatrick), et la suite de fées et génies qui font le sel de ce conte savoureux.

On reconnaît donc l’histoire, les manipulations de Puck qui s’amuse avec les sentiments humains comme avec un jeu de dames, et qui sème la confusion dans le coeur des amoureux. La chorégraphie d’Alleyne est vive, enjouée, ne manque pas de grâce, quoique péchant parfois par trop de répétitions. De leur côté, les danseurs sont solides, et leur technique, assez maîtrisée pour jumeler les difficultés des langages classique (rigueur exigée pour accomplir sauts, pirouettes, lignes pures du vocabulaire) et contemporain (sens de l’abandon, notamment). Ils sont mis en valeur par un décor dépouillé, mais on aurait souhaité plus d’effets spéciaux, une scénographie plus riche, pour donner plus de place au merveilleux.

La sobriété de l’ensemble (les costumes et maquillages sont corrects mais sans éclat) sert donc la danse elle-même, mais nuit à la magie nécessaire dans ce genre de spectacle. La musique, jouée par un orchestre de chambre, est inspirée de celle de Purcell et fut composée par Michael Bushnell et Owen Underhill. Honnêtement, ce n’était pas le point fort du spectacle, qui aurait bénéficié d’une musique plus ample et moins légère. Bref, la danse était belle, mais l’enrobage un peu terne.