Sunshine Boys : Un, deux, trois, soleil!
Scène

Sunshine Boys : Un, deux, trois, soleil!

Auteur à succès chez nos voisins américains, Neil Simon ne fait cependant pas partie de nos classiques de ce côté du continent. Loin de s’en formaliser, la troupe du Théâtre Le Patriote rapatriait récemment Sunshine Boys, comédie dramatique menée de front par les comédiens JEAN-PIERRE CHARTRAND et CLAUDE MICHAUD.

Si la pièce n’a été montée qu’une fois dans un théâtre professionnel québécois, Jean-Pierre Chartrand assure que ce n’est guère par manque d’intérêt de la part du public d’ici. "Quand j’ai vu cette pièce chez Duceppe en 1982, j’ai tout de suite été conquis par l’écriture de Simon, tout comme par l’étoffe de ses personnages. Depuis ce temps, mon ami Claude Michaud et moi conservions le rêve de remonter la pièce." Propriétaire de la célèbre Relève à Michaud à l’époque, son ami revient dès lors avec ce projet d’une année à l’autre, mais un détail le retient de monter la pièce: le texte, malgré son caractère résolument comique, est peut-être un peu trop profond pour être joué en théâtre d’été.

"Puis, se souvient Chartrand, Claude est devenu directeur artistique du Théâtre Le Patriote à Sainte-Agathe-des-Monts. Ayant l’entière liberté dans le choix des textes, il est naturellement revenu à cette oeuvre, dont nous étions tombés amoureux. Et le nom du metteur en scène Claude Maher, avec qui nous avons souvent travaillé tous les deux, s’est imposé." Dans le même esprit jovial et spontané qui avait présidé à la création des Minuit chrétien et Les Gars de Jean Barbeau à la Relève il y a une vingtaine d’années, l’équipe dirigée par Maher a pris un vilain plaisir à se mettre en bouche le théâtre de Simon. "Il faut dire que le travail de traduction et d’adaptation qu’a effectué Maher est immense, raconte Chartrand, visiblement admiratif. Il a non seulement rendu le texte accessible en français, mais a réussi à transposer la situation initiale (l’action telle qu’écrite par Neil Simon se déroule dans un quartier juif de New York) au contexte socioculturel québécois. La pièce n’en ressort que plus touchante, l’action et les péripéties conservant la crédibilité du texte original."

Autre avantage que met de l’avant le travail avec des complices de longue date, l’aisance et l’absence de pudeur dans la manière d’aborder les personnages. "Sunshine Boys raconte l’histoire de deux amis qui ont jadis été l’un des duos de stand-up comique les plus connus aux États-Unis. Ils se sont brouillés et partagent depuis un mépris mutuel l’un envers l’autre. La pièce se déroule alors qu’ils sont forcés de se réunir à nouveau, le temps d’une émission de télé qui leur est consacrée, résume le comédien. C’est donc moins la trame qui est importante que les dialogues des deux ex-acolytes, qui s’affrontent dans un face-à-face à la fois touchant et impitoyable." Ce rôle, qu’il considère comme un véritable cadeau, arrive à point dans une carrière qu’il poursuit bon an mal an depuis plus de 30 ans. "J’ai toujours été chanceux car on m’a toujours confié des rôles de composition, qui sont ceux que je préfère parce qu’ils sont souvent les plus complexes et laissent une grande part de liberté dans l’interprétation. Mon personnage dans Sunshine Boys en est un fantaisiste, dans la peau duquel j’aime me glisser parce qu’il m’offre des possibilités créatrices infinies."

Les 5 et 6 novembre
À la salle Albert-Rousseau
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