Critique : Impromptu
La pièce Impromptu transporte les spectateurs au XIXe siècle, à la campagne. On y côtoie des Romantiques — Delacroix, Liszt, Chopin, Musset et Sand -, à l’occasion d’un séjour qu’ils font chez la Duchesse d’Antan, fervente admiratrice des artistes.
Jusqu’au 23 novembre
À la Bordée
La pièce Impromptu transporte les spectateurs au XIXe siècle, à la campagne. On y côtoie des Romantiques — Delacroix, Liszt, Chopin, Musset et Sand -, à l’occasion d’un séjour qu’ils font chez la Duchesse d’Antan, fervente admiratrice des artistes.
Promenades à pied ou à cheval, soupers bavards, querelles, séduction, souvenirs: d’une scène à l’autre se succèdent autant d’atmosphères évoquées avec justesse par un détail, une attitude, un mot; autant de moments rendus délicieux par la verve et le culot des personnages.
Marie-Josée Bastien, adaptatrice d’une portion du scénario de Sarah Kernochan et auteure de plusieurs scènes, révèle ici un sens du comique assuré. Comme metteure en scène, elle apparaît comme une fine directrice d’acteurs et montre une aisance particulière dans les scènes de groupes. S’inspirant de tableaux de Delacroix et travaillant, pour le mouvement, avec le chorégraphe Harold Rhéaume, Marie-Josée Bastien présente quelques scènes qui, plastiquement, sont des bijoux de composition. Parmi elles, un enchaînement très fluide de déplacements des objets et des comédiens, donnant une idée du déroulement du séjour.
Plutôt légère, bien que par moments plus grave, Impromptu se déguste au rythme des pièces de Chopin dont l’interprétation, sur scène, par la pianiste Claude Soucy, donne beaucoup de chaleur à l’ensemble. Les comédiens, excellents, incarnent à merveille les personnages et ce qu’on imagine de ces grandes figures, tout en leur conférant un poids d’humanité que l’Histoire oublie souvent. À souligner, l’interprétation d’Érika Gagnon qui campe une George Sand emportée, pleine de fougue. Deux scènes entre George Sand et Alfred de Musset, d’ailleurs, sont chargées d’une intensité et d’une profondeur bouleversantes, sensibles à travers une parole, un regard, un geste à peine esquissés. À remarquer, aussi, Véronique Aubut, très drôle dans le rôle de la Duchesse. Par des petits gestes, des petites mimiques, elle donne à son personnage d’admiratrice béate une naïveté, un enthousiasme qui la rendent finalement sympathique.
Un reproche toutefois. La pièce foisonne d’ambiances diverses; les scènes se multiplient, témoins de la richesse des situations et des personnages. On aimerait parfois que se posent un peu les personnages, que se prolongent les tableaux et l’atmosphère qui s’installe à peine. Car les scènes, ici, se succèdent rapidement, et parfois de façon un peu fastidieuse lorsque des changements de décor sont nécessaires.
Bref, idée, situations, jeu réjouissants; texte et construction à resserrer, à concentrer quelque peu. Mais on aurait tort, pour ces quelques motifs, de bouder un plaisir si charmant.