Lily : Jeux de société
Scène

Lily : Jeux de société

"Combien valez-vous?" C’est par cette question que débute Lily, une pièce de théâtre musical hors norme, qui raconte le triste destin d’une jeune femme qui ne faisait rien comme les autres. Une orpheline élevée dans le luxe, puis ruinée par sa naïveté, convaincue jusqu’au bout que l’amour est un trésor qui ne s’achète pas. En transformant cette histoire tragique en pièce de théâtre chanté, le Petit Théâtre de Sherbrooke relève un grand défi.

"Combien valez-vous?" C’est par cette question que débute Lily, une pièce de théâtre musical hors norme, qui raconte le triste destin d’une jeune femme qui ne faisait rien comme les autres. Une orpheline élevée dans le luxe, puis ruinée par sa naïveté, convaincue jusqu’au bout que l’amour est un trésor qui ne s’achète pas. En transformant cette histoire tragique en pièce de théâtre chanté, le Petit Théâtre de Sherbrooke relève un grand défi.

L’auteure et metteure en scène Isabelle Cauchy signe une adaptation efficace du roman de l’Américaine Edith Wharton, The House of Mirth (1905), qui s’articule autour de la chute de Lily Bart, une célibataire courtisée par la haute bourgeoisie new-yorkaise du début du 20e siècle, qui refuse de jouer le jeu d’une classe sociale obnubilée par les apparences, et qui se voit déchue, contrainte de travailler pour assurer sa subsistance.

Habitée par l’histoire de Lily depuis qu’elle l’a lue il y a 20 ans, Isabelle Cauchy signe une adaptation intègre mais touffue, qui dure près de deux heures et demie. Lire le roman, ou voir le film qu’en a tiré Terence Davies, peut aider à comprendre les étapes de la descente aux enfers de Lily, qui apparaît plutôt abrupte dans la pièce. Heureusement, l’équipe de création a opté pour la sobriété, tant dans la musique composée par Michel G. Côté que dans les costumes et la scénographie, avec un décor composé d’immenses projections numérisées qui se renouvelle lors des changements de scène.

Dans le rôle-titre, Catherine Sénart est charmante et juste, même dans les passages chantés. L’interprète est dotée d’une belle voix, comme elle l’a prouvé dans Barbe-Bleue, la production précédente de la compagnie de Sherbrooke. Stéphane Brulotte prête son allure romantique à l’avocat Selden, amoureux de Lily, mais insuffle bien peu d’émotion à ce pauvre bougre. Du côté des traîtres, Isabelle Roy offre sa superbe voix à la machiavélique Alva Golden, tandis que Daniel Gadouas incarne son mari jaloux et Robert Vézina, le truculent Sim Rosedale. Les comédiens sont accompagnés d’un quatuor à cordes.

Grâce aux airs entraînants interprétés sur scène, ce voyage dans un passé bien cruel n’a rien d’écrasant ni de dévastateur; on en sort même le sourire aux lèvres, avec une irrépressible envie de fredonner à son tour…

Jusqu’au 16 novembre
Au Théâtre Prospero