Les Coups de Théâtre : Tout petit, la planète
La septième édition des Coups de Théâtre propose au jeune public une alléchante sélection de productions d’ici et d’ailleurs. En tout, une dizaine de spectacles, dont six créations, seront présentés dans sept lieux. Rémi Boucher résume les bons coups de sa programmation.
La visite n’est pas encore arrivée, mais déjà les hôtes sont fébriles. Installé dans un bureau vitré, au coeur de locaux bourdonnant d’activité, Rémi Boucher règle les derniers détails en vue du lancement de la septième édition des Coups de Théâtre / Forum international des arts jeune public. Du 18 novembre au 1er décembre, le directeur artistique et son équipe proposeront aux enfants et aux adolescents une vaste sélection de créations théâtrales, musicales et chorégraphiques venues d’Allemagne, de Belgique, du Canada, du Danemark, de France, du Mexique et des Pays-Bas. Des invités de marque, dont le passage risque de laisser des traces.
Pour la première fois cette année, l’événement (déplacé en automne, au lieu du printemps) se dote d’un volet danse. "Des ateliers chorégraphiques et scénographiques seront offerts aux élèves du quartier, amorce Rémi Boucher. Nous présenterons Les Cousins d’Harold Rhéaume, avec Martin Faucher et Daniel Parent, ainsi que Mannen/Hommes/Men, une chorégraphie élaborée en atelier par cinq garçons belges qui s’interrogent sur eux-mêmes et sur la société."
Autre particularité, la programmation 2002 compte un nombre important de spectacles pour ados, réunis à l’Espace chorégraphique de la Fondation Jean-Pierre Perreault, dont Personnages, une libre adaptation de Six personnages en quête d’auteur de Pirandello, jouée par les comédiens handicapés mentaux de la compagnie française Oiseau-Mouche. L’assistante de Pina Bausch, Julie Stanzak, signe les chorégraphies.
Tour d’horizon
Venu d’Amsterdam, l’auteur, metteur en scène et directeur artistique Ad de Bont est en vedette cette année. D’abord avec la lecture, en primeur, de son texte Moeder Afrika par des comédiens québécois. "Ad de Bont est un type très engagé, qui voulait parler de la traite des Noirs aux jeunes Hollandais." Il offre aussi une relecture éclatée du Malade imaginaire dans laquelle le sang gicle. Un très grand spectacle, selon Boucher. "C’est décapant, déjanté, à l’image du théâtre hollandais." À voir aussi: Bets, une pièce de Ted Keijser (Les Pompiers) produite par la compagnie dirigée par de Bont, où deux vieux amoureux sont interprétés par deux hommes.
Du Danemark, la metteure en scène Gitte Kath présente Lennie & George, inspiré du roman Des souris et des hommes, ainsi que Harry, l’adaptation d’un succès cinématographique danois. "Son talent est de savoir mettre de grands textes, et de belles histoires, à la portée des enfants." Aussi illustratrice et affichiste – elle a conçu l’affiche des septièmes Coups de Théâtre -, Gitte Kath expose ses oeuvres à l’Usine C.
Le Puppentheater Der Stadt Halle s’amène d’Allemagne avec deux spectacles, La Belle et la Bête et L’Atelier des papillons, tandis que du Mexique nous arrive un spectacle absurde, ¿Quién ha visto a mi pequeño niño?, du Teatro Mito. Très controversé, dit-on.
Parmi les créations québécoises, suggérons La Petite Ombre, une coproduction entre le Québec, l’Acadie et la Belgique dans laquelle un adulte rencontre l’enfant qu’il était. "C’est joué par une jeune actrice naine. Les enfants n’ont pas de problème avec ça, mais les adultes résistent parfois… puis se laissent aller!" Aussi: Deux pas vers les étoiles, de Jean-Rock Gaudreault, l’auteur de Mathieu trop court, François trop long, dans une mise en scène de Jacinthe Potvin; 20 jacks 1/4, un choeur électrique de 20 jeunes guitaristes âgés de 15 à 18 ans; la version opéra du Pacamambo de Wajdi Mouawad, par Champs Libres; et Émile et Angèle, une correspondance entre l’intellectuelle française Françoise Pillet et le fantaisiste comédien Joël Da Silva.
La programmation 2002 est marquée par la présence de nombreux créateurs masculins, constate Boucher. "Il y a un retour des gars, qui sont partout cette année. Cette prise de parole des hommes relativement aux enfants ne s’oppose pas à celle des femmes. Disons plutôt qu’elle offre une voix de plus…"
En voyage six mois par année, le fondateur des Coups de Théâtre voit loin. Déjà, le festival décentralise ses activités, question de préparer la tenue à Montréal, en 2005, du quinzième Congrès mondial de l’Association internationale des théâtres pour l’enfance et la jeunesse. Un événement réunissant des milliers de spécialistes, durant lequel des spectacles seront présentés aux quatre coins du Québec. Convaincu que le théâtre jeune public entre dans une période de grande ébullition à l’échelle planétaire, Rémi Boucher incite les artistes à explorer ce terrain de jeu. "Maintenant que les infrastructures sont en place, un créateur peut espérer diffuser un spectacle durant cinq ans, puis en tirer un film, une émission de télé, un disque, etc. Tout est possible."
Du 18 novembre au 1er décembre
Dans divers lieux