"J’ai toujours peur de danser…" Cette phrase, tout droit sortie de la bouche de la chorégraphe et danseuse Louise Bédard, me jette par terre. Elle qui, en une dizaine d’années, a créé plus d’une vingtaine d’oeuvres. Et à l’intérieur desquelles, la plupart du temps, elle dansait. Comme dans sa prochaine pièce Elles, présentée au Théâtre La Chapelle du 20 au 30 novembre. Un duo qu’elle interprétera avec Sophie Corriveau qu’on a pu voir danser auparavant pour des compagnies telles que Le Carré des Lombes, Sylvain Émard Danse et Danse-Cité.
La fragilité assumée dont la chorégraphe fait preuve est à l’image de ce qui l’a inspirée pour son spectacle: l’oeuvre de la photographe d’origine italienne Tina Modotti, qui a émigré au Mexique durant les années 20. Une femme qui a su tenir tête aux hommes de son époque et porter un nouveau regard sur le Mexique. "Je m’identifie au regard de cette femme-là, me lance Louise, car il sait révéler toute la richesse que porte en lui chaque sujet photographié, tout simplement parce qu’il capte ces rares instants où surgit le contraste entre la force et la vulnérabilité."
"Je me suis laissé imprégner par son univers, car c’est celui d’une femme créatrice", affirme la chorégraphe. Une cause sociale unit ces deux artistes: celle des femmes. "Dans tous les spectacles que j’ai vus ces dernières années, il était question de la femme: la femme déshabillée, la séductrice, la femme… en relation avec son corps, mais toujours pour la pâmoison de quelqu’un qui la regarde. Je ne voulais pas aller vers ça." Louise tient à redéfinir les limites des stéréotypes au rythme de l’évolution de la société.
Mais elle ne le fait jamais seule. "J’aime ouvrir mon oeuvre aux autres qui collaborent avec moi", me dit-elle tout en me parlant de son costumier-maquilleur Angelo Barsetti et du cinéaste d’animation Pierre Hébert qui nous surprendra avec ses gravures sur pellicule qu’il projettera sous l’éclairage de Sonoyo Nishikawa, ainsi que sur la musique de la compositrice mexicaine Ana Lara et l’environnement sonore de Michel F. Côté. Plusieurs cultures sont donc au rendez-vous dans cette oeuvre ouverte à saveur multidisciplinaire.
D’ailleurs, parallèlement à ces 11 soirs de représentations, se tiendra une exposition des oeuvres de la photographe Tina Modotti, à la maison de la culture du Plateau-Mont-Royal, du 8 novembre au 8 décembre. Vous pourrez donc découvrir les images qui sont à la base de certains mouvements du spectacle Elles.
"Je me suis mise au service de quelque chose à travers la danse, affirme finalement la chorégraphe… au service d’un art, avec toutes les contraintes que cela apporte. C’est pourquoi ma danse n’est pas forcément à la mode, mais nécessairement porteuse de ce quelque chose."
Il y a, en effet, dans l’oeuvre de Louise Bédard, tout comme dans les images de la photographe, une poésie qui dépeint à merveille la beauté du vivant dans l’aperçu de sa fragilité, que ce soit par la main usée d’une vieille ou sur la courbe d’une fleur.
Du 20 au 30 novembre
Au Théâtre La Chapelle
Puzzle Danse
Les pulsions de vie et de mort – Éros et Thanatos -, ancrées au centre de notre quotidien, se manifestent généralement de manière trop indirecte pour que nous en ayons pleinement conscience. Cela prend donc parfois l’intervention du milieu artistique pour nous rappeler que ça nous habite et conditionne nos rapports avec autrui.
Le Studio de l’Agora de la danse présente, du 20 au 23 novembre, Puzzle Danse. Il s’agit de quatre duos tout à fait singuliers, composés pour un homme et une femme, et créés par quatre chorégraphes différents s’étant justement penchés sur cette question de la "relation à l’autre". Ceci dans le but ultime de nous faire partager le fruit de leur réflexion à travers l’idée d’une proximité corporelle. Au menu, Petite étude sur le courage d’Hélène Blackburn (Montréal); Morta d’Harold Rhéaume (Québec); L’Ouf ou la Poule? de François Veyrunes (France) et Parloir de Denis Plassard (France).
Cet échange entre Québécois et Français, évoluant autour de thèmes universels comme l’amour, la mort, l’intimité, la passion, le caprice et l’équilibre, fera l’objet, dans les prochaines semaines, d’une tournée québécoise dont les points d’arrêt seront, outre Montréal, Sainte-Geneviève (24 novembre), Lennoxville (26 novembre), Québec (du 28 au 30 novembre), Baie-Comeau (4 décembre) et Le Bic (6 décembre).
Du 20 au 23 novembre
Au Studio de l’Agora de la danse