Pour une fois : Il était une foi…
Quatorze tableaux. Un prétexte: l’histoire, celle de l’Acadie et de l’affirmation de son peuple. Le parcours d’un couple, deux lectures possibles, une adéquation: celle entre modernisme et tradition. Métaphorique métaphore, Pour une fois fait état d’un nationalisme soft, celui des Cajuns.
Jennifer Casotti
Photo : Herménégilde Chiasson
Puisqu’il y a toujours plusieurs façons d’entrevoir les choses, la pièce Pour une fois de l’auteur acadien Herménégilde Chiasson en propose deux. De prime abord, ceux qui ne connaissent pas ou peu l’histoire de l’Acadie y verront le simple parcours d’un couple, celui d’une Jeanne pragmatique et d’un Charles résolument attaché au passé. Les plus familiers y verront, quant à eux, une allégorie branchée sur l’histoire acadienne. La maison qui brûle représentant la déportation, les changements de costumes témoignant de ce perpétuel balancement entre l’avenir et le passé de cette communauté francophone, le jeu de miroir présentant constamment l’envers du décor, tout revêt dans la pièce un sens connoté.
Malgré l’aspect tragique de l’histoire, Pour une fois se déroule sur une note humoristique. "N’est-ce pas Voltaire qui a dit que toute évolution commence par un éclat de rire? L’événement en soi est tragique, mais la colère, l’amertume et la vengeance empoisonnent l’existence, mieux vaut choisir la voie de l’humour pour comprendre ce qui s’est passé", précise l’auteur. Pourquoi quatorze tableaux et non pas treize ou quinze? "C’est une question de système interne, plusieurs de mes oeuvres, comme par exemple Aliénor, sont divisées en quatorze parties, chaque auteur a ses références, son encodage propre."
L’auteur multidisciplinaire n’en est pas à sa première oeuvre inspirée de l’Acadie puisqu’il a déjà écrit et réalisé sur le sujet, avec notamment L’Acadie retrouvée, sorti en 1995, Épopée et Acadie à venir. Une de ses pièces porte aussi le même nom que l’album de son collègue acadien Zachary Richard, Cap enragé. Herménégilde Chiasson touche à tout: poésie, films, expositions, livres. C’est toutefois en l’histoire qu’il croit davantage. "En Acadie, on accorde une grande importance au folklore. Pour moi, le folklore fait de belles chansons pour dormir, mais c’est par l’histoire que l’on tire de grandes leçons", conclut-il.
Jusqu’au 23 novembre
Au Théâtre Périscope
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