Nacho Duato : Fugue et mouvement
Scène

Nacho Duato : Fugue et mouvement

Après trois ans d’absence, NACHO DUATO revient à Montréal, avec la Compania Nacional de Danza, pour nous offrir sa pièce Bach: Multiplicité – Formes du silence et du vide, à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.

Les Grands Ballets Canadiens accueillent Nacho Duato et sa Compania Nacional de Danza, dont il est le directeur artistique depuis 1990, avec la pièce Bach: Multiplicité – Formes du silence et du vide, les 28 et 29 novembre, à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Il s’agit d’un programme en deux parties, inspiré de la vie et de l’oeuvre du compositeur Jean-Sébastien Bach.

Le chorégraphe d’origine espagnole s’est toujours inspiré de musiques pour créer ses ballets: que ce soit de la musique créole haïtienne, comme dans Rassemblement, ou de la musique catalogne, comme dans Jardi Tancat – qu’il avait d’ailleurs monté pour les Grands Ballets Canadiens de Montréal en 1989. Deux créations faisant partie de ses premières oeuvres en tant que chorégraphe. Dans celles-ci, il touchait davantage à des thèmes comme le travail de la terre dans les plantations, la soumission de l’homme à travers l’esclavage et, naturellement, l’amour au centre de tout cela.

Des thématiques et des choix musicaux à l’image du type de corporalité que sa danse nous propose. Nacho Duato privilégie une mobilité du tronc qui n’est pas dans la ligne de conduite du classique, mais plutôt dans l’esprit d’une dynamique plus moderne. Ceci a pour effet de développer chez ses danseurs toute une gamme de modulations les dotant d’une précision extraordinaire et procurant une richesse unique au travail de Duato, en plaçant son oeuvre dans une perspective résolument néoclassique. Sa réflexion sur la danse fait en sorte qu’il dépasse de loin plusieurs de ses semblables, tant en ballet classique qu’en contemporain.

Le voici aujourd’hui inspiré par une musique qui s’adresse davantage à l’esprit. La fugue, dont Bach fut le maître incontesté, est composée de plusieurs voix superposées qui se répondent en alternance. Dans cette musique baroque, comme dans l’architecture gothique correspondant à la même époque, il s’agit d’un style de construction qui se déplie à l’infini vers l’atteinte d’une quelconque réponse du Divin.

Mais comment rendre compte de toute la complexité de cette écriture polyphonique à travers le mouvement? Le défi est de taille, mais à la hauteur de la réputation de ce chorégraphe de 45 ans, qui dansera pour la première fois à Montréal. Il apparaîtra sur scène, dans toute la splendeur et la maîtrise de son art, en préambule à la première partie Multiplicité, davantage axée sur le personnage de Bach, tel un clin d’oeil au processus de création. La deuxième partie, Forme du silence et du vide, saura nous révéler, sans l’ombre d’un doute, l’insaisissable profondeur de L’Art de la fugue, grâce au génie inventif et à la grande sensibilité dont Nacho Duato sait faire preuve.

Les 28 et 29 novembre
À la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts

Jean-Sébastien Lourdais
Le ridicule ne tue pas… telle est la devise de Jean-Sébastien Lourdais, qui nous fera part de son Défaut de fabrication, à Tangente, du 28 novembre au 1er décembre. Une pièce qui s’inscrit à l’intérieur d’une démarche créatrice dont le leitmotiv est la spontanéité. Le jeune chorégraphe semble fasciné par cette folie qui nous habite tous et qui prend toujours une multitude de moyens détournés pour sortir de l’enfermement dans lequel on la maintient.

Voilà peut-être pourquoi on retrouve, dans les pièces de cet artiste d’origine bretonne, des personnages qui pourraient provenir tout droit d’une bande dessinée où tout le monde a reçu un coup de mailloche sur la tête. Son univers est aussi surréaliste qu’un délire d’enfants sur un "rush" de sucre au lendemain de l’Halloween. On y croit tellement qu’on en vient à se demander si les interprètes s’en remettront…

Pour cette pièce – comme pour celle qui l’a précédée -, Jean-Sébastien Lourdais fait appel à une scénographie gastronomique. Pourquoi de la bouffe sur scène? "Parce que je veux revenir à l’essence de la danse… c’est-à-dire lorsqu’on dansait parce que c’était la fête et que tout le monde avait bien travaillé, bien bu et bien mangé", me lance-t-il en imitant un mec saoul qui essai de suivre le rythme d’une musique de foire.

Ce néo-Québécois, au talent indéniable, a quitté son village de Bretagne vers la fin des années 90 dans le but de poursuivre ses études en danse à Montréal. Fraîchement sorti de l’UQÀM en 2001, il a vite su se faire remarquer grâce à sa première création, Un beau matin du 21 juin, présentée la même année à l’Agora de la danse. Une pièce d’où se dégageait déjà le style singulier du chorégraphe.

Les danseuses Annick Brault, Catherine Gaudet et Myriam Tremblay, qui étaient déjà de la partie, l’ont suivi pour une deuxième collaboration. À celles-ci sont venus se greffer Lucie Vigneault et Stéphane St-Gelais. Voilà donc la distribution qui acceptera de s’aventurer jusqu’aux limites de l’équilibre physique et mental, dans cette seconde oeuvre qui mêlera burlesque et tragique, en un tourbillon d’euphorie et de défoulement.

Du 28 novembre au 1er décembre
À Tangente

Mariko Tanabe
L’harmonie entre les différentes cultures est une fois de plus menacée en ce moment, en raison des événements désolants touchant le monde entier. Il y a deux façons de réagir: par le désespoir, en pointant les coupables dans l’optique d’une vengeance sans merci; ou par l’espoir, en démontrant qu’il est possible de vivre nos différences ensemble. La chorégraphe et danseuse Mariko Tanabe a choisi l’espoir. Sa pièce Encendillas del alma pura, présentée du 20 au 22 novembre dans le lieu sacré du sanctuaire de l’église du Gesù, en témoigne largement.

La jeune femme d’origine japonaise prône le dialogue interculturel en citant comme exemple l’Andalousie, où pendant près de huit siècles ont cohabité juifs, musulmans et chrétiens. De cette proximité sont d’ailleurs nées ces musiques et ces danses si entraînantes qui composent l’univers tzigane du flamenco. C’est dans cette ambiance que nous transporteront Mariko Tanabe et son impressionnante équipe de danseurs et musiciens. Elle a choisi une église comme lieu de représentation, car celle-ci symbolise le partage et la tolérance. Cette femme passionnée, au langage hybride et sensuel, nous a rapporté des images d’un voyage en Andalousie. Elles ont été travaillées par le vidéaste François Blouin et seront projetées sur les murs de l’église, sous le reflet vermeil des vitraux. Laissez-vous accueillir par le chant, la guitare et les pas de ceux qui croient encore au pouvoir unificateur de l’art.

Du 20 au 22 novembre
Au Gesù

Erratum
Une erreur s’est glissée dans l’édition du 14 novembre. Une photo du spectacle de Louise Bédard, Elles, devait paraître au centre de l’article alloué à la chorégraphe. On retrouvait plutôt une photo du spectacle d’Héloïse Rémy, qui faisait l’objet de la seconde partie de l’article. Nous tenons à nous excuser du malentendu que cela a pu occasionner.