Ann Van den Broek : Les lois du désir
Scène

Ann Van den Broek : Les lois du désir

Depuis 1993, en parallèle à son travail d’interprétation, la Belge Ann Van den Broek a créé près d’une dizaine de pièces. Elle nous présente Quartet with One à Tangente

Peut-on mesurer la distance entre deux personnes qui s’aiment? Est-ce la même, chaque fois, pour tout le monde? Et quand on danse, de quoi est faite cette distance? De désir, de peur, de violence? Voilà le genre de questions qu’Ann Van den Broek s’est posé en créant Quartet with One qu’elle nous présente, du 5 au 8 décembre, à Tangente.

"J’éprouve souvent des émotions contradictoires envers mes partenaires de danse, me confie-t-elle… par exemple, Sophie Janssens, qui m’accompagne pour cette pièce, est aussi une amie de longue date. Je la connais donc autrement que sur scène. Or inévitablement, il se glisse dans notre danse des parcelles de cette relation amicale." La danse n’est pas vierge de toutes ces traces qui font de nous des êtres évolutifs. La chorégraphe belge s’en est rendu compte très tôt dans son cheminement artistique. Cela est devenu l’un des principaux moteurs de sa création.

Depuis 1993, en parallèle à son travail d’interprétation, elle crée près d’une dizaine de pièces. Quatre d’entre elles font partie du répertoire de sa compagnie, asbl Ward/waRD, qu’elle a mise sur pied en 2001. Date où elle a pris la décision de se livrer uniquement à son travail personnel. Dans celui-ci, elle cherche à nous émouvoir en laissant continuellement apparaître, grâce au mouvement, l’ambiguïté qui fait de nous des êtres forts et faibles à la fois.

"Je fonctionne à partir des émotions qui surgissent naturellement en situation de danse, me lance Ann Van den Broek, mais aussi à partir de ce qui arrive jusqu’à moi à travers les différents médias. Je mélange tout ça. Je m’en imprègne. Je le danse et le re-danse. De sorte que cela devient ma propre petite analyse de tout ce qui m’entoure. C’est par le geste que ma pensée s’extériorise."

La musique est aussi très importante pour la chorégraphe-interprète. Dans Quartet with One, elle s’est entourée du percussionniste montréalais Yves Plouffe et du musicien originaire des Pays-Bas Rex Lobo. Cette pièce met donc en évidence le concept de distance jusque dans cette collaboration intercontinentale (Anvers/Montréal/Amsterdam) où l’émotion n’a de frontière physique que le corps… Laissez-vous traverser.

Du 5 au 8 décembre
À Tangente

Danse Rasa
Quelle est la dimension que nous réservons encore au "sacré", dans nos petites vies remplies-remplies, que nous menons à une vitesse de plus en plus vertigineuse? Je me suis moi-même posé la question en dialoguant avec Ginette Dion, cofondatrice de Danse Rasa qui présentera son spectacle Rasa, le vendredi 6 décembre, à la Maison de la culture du Plateau Mont-Royal.

"J’étais exaspérée par la noirceur de la danse contemporaine de la fin des années 80, me dit Ginette Dion. C’est pour cela qu’en 1990, je me suis tournée vers la luminosité du Bharata Natyam." Cette danse au nom difficile à prononcer provient du sud de l’Inde et n’était dansée, autrefois, que dans les temples. Aujourd’hui, de plus en plus de gens s’initient à cet art qui, à travers le geste, rend gloire au Divin.

"Étant donné qu’il s’agit d’une danse codifiée, poursuit la chorégraphe et danseuse, j’initie le public au vocabulaire avant chaque spectacle…" Un vocabulaire qui utilise autant les pieds, par des jeux rythmiques complexes, que les mains et le visage, dans un aspect plus théâtral. Ginette Dion est accompagnée sur scène de Manijeh Ali (aussi cofondatrice de Danse Rasa) et de Céline Ranger.

Le spectacle se divise en deux volets, dont un traditionnel et l’autre de tendance plus contemporaine. Dans cette deuxième partie, la chorégraphe dresse un pont gestuel entre l’Orient et l’Occident, comme pour que nous puissions contempler le meilleur des deux mondes: celui d’où elle vient et celui vers lequel elle se dirige…

Le 6 décembre
À la Maison de la culture du Plateau Mont-Royal

José Navas
La facilité qu’a José Navas de constamment tomber en amour avec son art est fascinante. Même revisitées, ses oeuvres ont un souffle nouveau. Comme il en est d’Abstraction et de Haman/Navas Project, présentées du 28 au 30 novembre, à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau. Il s’agit des deux seules pièces du chorégraphe d’origine vénézuélienne à avoir été composées sur de la musique classique.

Abstraction, créée en 1998 et n’ayant été présentée qu’une seule fois à Montréal, est un solo où la musique romantique de Chopin s’allie merveilleusement à l’élégance et au charme sensuel de José Navas. Haman/Navas Project, pour sa part, se veut une rencontre entre un violoncelle et un danseur, sur la musique de Benjamin Britten et d’Allan Hovhaness. Mais pour cette reprise, c’est la virtuose d’origine tchèque, Katerina Juraskova, qui prendra le relais du violoncelliste Walter Haman.

Nous aurons donc le plaisir de voir danser, dans ces deux chorégraphies, un José Navas à la hauteur de son pouvoir de séduction et de renouvellement. Ces oeuvres au faîte de leur maturité sont le témoignage vivant d’un talent qui ne cesse de progresser. La regard que ce chorégraphe néo-montréalais pose sur la danse actuel est à l’image de son éclectisme. Il sait rejoindre un large public, parce qu’il fait partie de ces nouveaux "citoyens du monde" qui tracent présentement les grandes lignes de l’esthétique de demain. Une esthétique hybride où le mélange des genres et des cultures est au premier plan.

Du 28 au 30 novembre
À la salle Pierre-Mercure