L’année au théâtre : Revue
Impossible de faire un tour d’horizon de l’année théâtrale sans parler de Denis Marleau. Avec pas moins de quatre pièces, le directeur du Théâtre français du Centre national des Arts – pourtant logé à Ottawa… – a été sans conteste le metteur en scène le plus visible de 2002 sur la scène montréalaise!
Impossible de faire un tour d’horizon de l’année théâtrale sans parler de Denis Marleau. Avec pas moins de quatre pièces, le directeur du Théâtre français du Centre national des Arts – pourtant logé à Ottawa… – a été sans conteste le metteur en scène le plus visible de 2002 sur la scène montréalaise! Une année féconde où l’on a pu suivre sa démarche comme un fil tendu entre des univers aux résonances similaires: Au coeur de la rose, qui nous permit de redécouvrir un beau texte de Pierre Perrault; son "installation théâtrale" Les Aveugles, un petit chef-d’oeuvre; le beau solo La Dernière Bande; et Quelqu’un va venir, qui divisa la critique, poussant la manière Marleau au sommet de sa perfection ou de son aridité, au choix.
Une démarche qu’on pourrait dire très éloignée de celle d’Yves Desgagnés, qui a aussi poursuivi la sienne en mettant en scène les comédies shakespeariennes Les Joyeuses Commères de Windsor et La Nuit des rois, au TNM: des productions populaires, fondées sur le plaisir festif et le sens de la troupe. Preuve qu’il y a de la place pour tout sur les planches de la Métropole…
Chez les auteurs, 2002 a surtout révélé la plume fine et pétillante de la jeune Evelyne de la Chenelière, consacrée par deux succès: le goûteux Des fraises en janvier au Théâtre d’Aujourd’hui, et l’adorable Henri & Margaux – conçu avec l’autre moitié de son couple, Daniel Brière. Un nom à surveiller. Par contre, certains dramaturges ténors ont déçu, surtout Michel Tremblay avec sa faible création L’État des lieux, au TNM. Quant à Dominic Champagne – célébré pour son Varekai au Cirque du Soleil -, le Vacarmes collectif qu’il a orchestré à l’Espace libre rénové, bien que festif et divertissant, a finalement fait assez peu de bruit, 10 ans après Cabaret Neiges noires.
À la barre du Quat’Sous, Wajdi Mouawad s’est distingué en prenant des risques, à tout le moins. Pour le meilleur et parfois pour le pire: un texte controversé (Blasted), une première mise en scène confiée au brillant chorégraphe José Navas (Les Fleuves profonds) et, pour finir, cet automne, la mise en branle d’une très stimulante saison "Carte blanche" aux créateurs, qui a d’ores et déjà donné un spectacle intéressant, le formellement réussi Hippo-campe. Le duo Éric Jean et Pascal Brullemans tentait d’y renouveler les méthodes de création standardisées des théâtres institutionnels.
Sauf exceptions (dont le joli Cabaret des mots signé Paul Buissonneau et la magnifique version des Feluettes à l’Espace Go), en 2002, le bonheur théâtral se trouva souvent dans les plus petits spectacles. Les expériences de Momentum, resté un leader de la marge avec L’Inoublié et La Fête des morts, le vigoureux Howie le rookie à La Licorne, le concept des shows pour un seul spectateur du Théâtre du Grand Jour (Mai 02), l’intrigant Silences 2 d’Alexandre Marine, la décapante Bible d’Antoine Laprise, l’énergique Jacques le fataliste, le ludique Abel et Bela, même le très libérateur Jocelyne est en dépression d’Olivier Choinière, cet été. Tout ce qui garde vivant et allumé le théâtre montréalais…