L'année en danse : Revue
Scène

L’année en danse : Revue

Le récent décès du chorégraphe Jean-Pierre Perreault nous a permis de brutalement prendre conscience qu’une période de notre histoire s’achevait. Celle du règne de la danse contemporaine qu’on a connue à son apogée dans les années 80. Parmi les cinq pionniers de ce "bouger montréalais" dont Perreault faisait partie, lui survivent Paul-André Fortier, Marie Chouinard, Édouard Lock et Ginette Laurin. Mais ils sont bien loin de l’esthétique qu’ils véhiculaient à leurs débuts et qui les a propulsés là où ils sont maintenant. Question d’évolution et de budgets, les priorités ne sont plus les  mêmes.

Le récent décès du chorégraphe Jean-Pierre Perreault nous a permis de brutalement prendre conscience qu’une période de notre histoire s’achevait. Celle du règne de la danse contemporaine qu’on a connue à son apogée dans les années 80. Parmi les cinq pionniers de ce "bouger montréalais" dont Perreault faisait partie, lui survivent Paul-André Fortier, Marie Chouinard, Édouard Lock et Ginette Laurin. Mais ils sont bien loin de l’esthétique qu’ils véhiculaient à leurs débuts et qui les a propulsés là où ils sont maintenant. Question d’évolution et de budgets, les priorités ne sont plus les mêmes.

On peut donc remarquer que depuis la première moitié des années 90, contrairement à avant, le niveau technique élevé des interprètes est devenu une priorité pour plusieurs chorégraphes en danse contemporaine. Parallèlement à cela, les chorégraphes néoclassiques tels que Jiri Kylian, William Forsythe, Angelin Preljocaj, Mats Eck et Nacho Duato ont redonné un vent de fraîcheur à l’univers du ballet classique. Ceux-ci sont devenus souvent plus innovateurs que leurs homologues en danse contemporaine. On en vient même à se demander si l’on peut encore parler de ballet classique. S’agirait-il davantage de ballet contemporain? Ce qui est sûr, c’est que la marge qui distinguait clairement le ballet de la danse contemporaine, au tout début, s’est amincie considérablement…

Le Festival International de Nouvelle Danse de Montréal, qui existe depuis 1985, regroupe d’ailleurs maintenant sous un dénominateur commun ces néoclassiques et contemporains. Aujourd’hui, plus que jamais, ce festival est un mélange des genres, souvent métissés, reflétant l’éclectisme de l’ère post-moderne dans laquelle nous nous trouvons.

Par contre – et c’est là le but de mon propos -, depuis le tournant du troisième millénaire, tout nous laisse croire qu’une nouvelle tendance tenterait de s’élever en réaction à ce retour à une technicité plus formelle en contemporain. Cela proviendrait, en effet, d’une partie de la plus ou moins jeune relève qui ne s’identifie pas à ce "retour en arrière". Ces danseurs se tournent alors vers une danse-événement ou performance, de l’ici et maintenant. Pour ne donner que quelques exemples, citons Martin Bélanger et sa réflexion sur le corps dansant; le dévoilement intimiste de Benoît Lachambre; le "happening" de Mia Maure Danse; la prise de conscience sociale d’Héloïse Rémy; le délire cathartique de Dave St-Pierre; le déséquilibre compulsif de Jean-Sébastien Lourdais

Il ne semble pas s’agir d’une danse strictement théâtrale. Je dirais plutôt qu’il s’agit de danse contextuelle. En ce sens que, oui, parole et danse s’y retrouvent souvent juxtaposées, mais que tout est d’abord investi dans un contexte qui met de l’avant une relation bien précise au spectateur. Ceci dans un but premier de décloisonnement des frontières traditionnellement établies entre le public et les interprètes. Les lieux qui privilégient ce type d’émergence sont naturellement ceux qui osent prendre les risques que cela comporte… Entre autres, Tangente et le Studio 303, pour lesquels cela fait partie de leur mandat.

Cette nouvelle tendance est ressortie en force cette année et semble s’être, par le fait même, cristallisée dans le paysage de la danse pour y rester, car l’année 2003 nous réserve encore des oeuvres porteuses…