Les Denis Drolet : Les frères bruns
Scène

Les Denis Drolet : Les frères bruns

Les Denis Drolet sont les ovnis de l’humour québécois. On aime ou pas l’imaginaire singulier du désopilant duo. Pour découvrir à quelle catégorie vous appartenez, rendez-vous au Cabaret où ils séviront entre Noël et le jour de l’An.

Ils sont souverainement bruns dans leur code vestimentaire et originaires de Saint-Jérôme, mais qu’à cela ne tienne: le désopilant duo Les Denis Drolet se paie cinq soirs au chic Cabaret. Cinq soirées atypiques sous le thème de Noël où sketchs abracadabrants et musiques délirantes feront sûrement mauvais ménage. Si l’imagination tordue de la chanson Fantastique en laisse certains perplexes, d’autres, les fans d’humour interlope sévissant sur les routes secondaires du rire, y voient rien de moins qu’un "cadeau du ciel"…

"Ce n’est pas encore LE show officiel des Denis Drolet (qui sera présenté à l’automne 2003), m’apprend l’un des Denis, quoique tous les sketchs soient nouveaux, tout comme ceux des Show Absurdes que nous avons présentés à Juste pour rire récemment. Ces jours-ci, on fait juste ça: finaliser les sketchs et répéter avec notre groupe, Les P’tits Jeunes Hommes."

"Grosso modo, explique le Denis barbu (celui qui a l’air sinistre de Charles Manson), il y aura environ 35 minutes de sketchs au début puis 45 de musique par la suite." Et le thème de Noël dans tout ça? "On fera un gros numéro au début, avec échange de cadeaux…" Et plusieurs invités, comme Jean-Thomas Jobin, leur plus proche collaborateur, et un certain "Just-to buy-my-love", danseur aux gestes pour le moins imprévisibles, plus un invité mystère tous les soirs.

"On est peut-être plus humoristes que musiciens ou chanteurs, admet l’un, parce qu’au départ, notre but est de faire rire. On se voit vraiment comme deux fous du roi: on danse, on chante, on fait de l’humour, mais on n’est ni humoristes ni chanteurs. C’est tellement à côté de la plaque et déstabilisant, mais on l’assume pleinement. On parle de moustaches et de robots, pis on se fait crier après comme Yvon Deschamps dans les années 60. Lui, il disait des affaires pas mal plus graves. Nous, on ne dit rien, à la limite."

"Ce n’est pas le style d’humour qui devient grand public du jour au lendemain, admet Jacques Primeau, gérant des Denis Drolet, de quatre des six ex-Rock et Belles Oreilles et président de l’ADISQ. Leur point commun avec RBO, c’est qu’eux aussi peuvent faire de vraies chansons susceptibles d’être endisquées et de tourner à la radio. C’est un défi, parce que ce n’est pas de l’humour nécessairement facile."

Épatantes niaiseries
Faut-il les disculper de suggérer autant d’épatantes niaiseries, telles qu’entendues sur le disque, comme de "fesser sur des petits pots de maïs en crème" (Le Soleil dans une bouteille), de manger de la "gomme au steak" (Oh yeah!), de se faire souhaiter la bienvenue "à Saint-Pas-de-classe", de constater que "yé bon le p’tit jeune homme qui répare les appareils" (Le P’tit Jeune Homme), ou de spontanément "donner son couguar contre un guépard dans un Échange de félins"?

On l’espère. "Tous ces flashs qui nous passent par la tête, on les écrit parfois vite. La chanson Fantastique (qui est parvenue cet automne au sommet du palmarès de CKOI) a été écrite en 20 minutes sur le coin d’une table. Et chaque vendredi matin, lors de notre participation à l’émission Yé trop d’bonne heure, on doit en composer une nouvelle. Les métaphores et les jeux de mots peuvent choquer certaines personnes, mais c’est juste de l’humour."

Les trois dernières années des Denis Drolet ressemblent étrangement à celles qu’ont vécues Rock et Belles Oreilles entre 1984 et 1987: une expérience de scène plus ou moins underground et une façon rentre-dedans de faire de l’humour qui, comme chez RBO, culmine avec un premier disque. Toute l’année 2002 durant, ils ont été lachés lousses, pour le meilleur et pour le pire, suscitant l’admiration des uns et l’incompréhension des autres. Et c’est très bien ainsi.

Sans jamais rire de l’actualité, de la pub ou des relations de couples, contrairement à la plupart des humoristes, Les Denis Drolet font de l’humour un sport extrême, en fous du roi, transposant en mots leurs univers chimériques, court-circuitant toute forme de logique. Une denrée rare, quoiqu’en disent les humoristes. Rare comme le passage de deux ovnis. Ce n’est pas fantastique. C’est fantasmagorique.

www.lesdenisdrolet.com
Du 26 au 30 décembre
Au Cabaret Music-Hall