Scrooge : Une pièce et son péché
Scène

Scrooge : Une pièce et son péché

On peut qualifier cette adaptation du Chant de Noël de Charles Dickens d’à demi ratée, ou d’à demi réussie, selon que l’on soit pessimiste comme ce grincheux de Monsieur Scrooge ou optimiste comme son attachant neveu Fred. Il y a dans ce spectacle écrit et mis en scène par Jean-Guy Legault de bonnes idées, qui auraient gagné à être mieux développées. Avec ce Scrooge trop sage, le Théâtre des Ventrebleus accouche d’une création qui ne va malheureusement pas au bout de ses ambitions. Avare de folie, en quelque sorte…

On peut qualifier cette adaptation du Chant de Noël de Charles Dickens d’à demi ratée, ou d’à demi réussie, selon que l’on soit pessimiste comme ce grincheux de Monsieur Scrooge ou optimiste comme son attachant neveu Fred. Il y a dans ce spectacle écrit et mis en scène par Jean-Guy Legault de bonnes idées, qui auraient gagné à être mieux développées. Avec ce Scrooge trop sage, le Théâtre des Ventrebleus accouche d’une création qui ne va malheureusement pas au bout de ses ambitions. Avare de folie, en quelque sorte…

Un an après avoir présenté au même endroit une adaptation musicale loufoque de L’Honnête Fille, d’après Goldoni, Jean-Guy Legault et ses collaborateurs reviennent à l’attaque avec un projet d’envergure, la première production québécoise par des comédiens professionnels du célèbre A Christmas Carol. Scrooge raconte la conversion d’un vieil avaricieux (Simon Boudreault), qui découvre qu’il n’y a pas que l’argent dans la vie. Durant la nuit de Noël 1843, le détestable usurier londonien reçoit la visite du fantôme de son ex-associé Marley (Vincent Bilodeau, accoutré comme le Grand Antonio), qui lui annonce la venue de spectres qui l’entraîneront dans le passé, le présent et le futur. Ces voyages lui feront tellement peur qu’il deviendra un patron compréhensif et un oncle généreux.

L’adaptation de Legault est fidèle à l’esprit du conte fantaisiste de Dickens, même si les esprits empruntent des corps bien différents des descriptions faites par le conteur britannique: ceux d’un flamboyant chanteur de charme alcoolo (Gabriel Sabourin), d’une psychopathe au look sadomaso (Anne Paquet) et d’une énorme bibitte (une marionnette de Myriam St-Louis).

Parmi les bons coups de l’équipe, mentionnons l’imposant décor qui s’ouvre comme une maison de poupée, imaginé par Étienne Ricard et manipulé par les comédiens, qui déplaceront aussi une porte d’entrée et des escaliers menant au deuxième étage, où apparaissent entre autres trois pétillantes choristes, dans un numéro digne de La Fureur. Autres points positifs: la musique originale d’Yves Morin, les projections de Stéphane Barbin et, surtout, la prestation énergique des 13 comédiens. Cela dit, dommage que leur jeu, très stylisé au début, perde du tonus en cours de route. On remarque des faiblesses dans la sonorisation, au point de rendre plusieurs répliques inaudibles.

Dans le rôle-titre, Simon Boudreault campe un Ebenezer Scrooge voûté, à l’esprit vif. Les répliques qu’il lance d’un air malicieux font mouche, par exemple lorsqu’il menace de planter une branche de gui à travers le coeur de ceux qui osent lui souhaiter "Merry Christmas!". Un travail de composition soigné. Jean-Marc Dalphond est excellent dans le rôle de Cratchit, le timide et dévoué employé. On compte aussi parmi les interprètes Marc Bélanger, Geneviève Bélisle, Nancy Gauthier, Joël Melançon, Pascal Parent, Catherine Ruel, Geneviève Simard et Blaise Tardif.

À qui s’adresse ce spectacle? Surtout aux ados, qui semblent apprécier particulièrement les bons mots de Scrooge, les chamailleries des bambins et les déhanchements sensuels du spectre du passé. Pour ces raisons, Scrooge a du potentiel; laissons-lui le temps de s’amender, et espérons qu’il nous revienne l’an prochain libéré de quelques vices…

Jusqu’au 29 décembre
Au Théâtre Denise-Pelletier