François Létourneau : En bonne compagnie
Il y a des noms auxquels on dit oui, d’emblée. Comme ceux des comédiens regroupés autour du metteur en scène Frédéric Blanchette pour la création de Cheech (Les hommes de Chrysler sont en ville) au Théâtre La Licorne. Ils sont jeunes, mais ils ont déjà leurs fans. Ces six amis, parmi les plus prometteurs interprètes de leur génération, se nomment Maxime Denommée, Kathleen Fortin, Maxim Gaudette, Fanny Mallette, Patrice Robitaille et François Létourneau, auteur du loufoque suspense "sexistentiel" qui les réunit. Un casting aguichant pour une pièce corsée, qui se déroule chez les escortes.
Il y a des noms auxquels on dit oui, d’emblée. Comme ceux des comédiens regroupés autour du metteur en scène Frédéric Blanchette pour la création de Cheech (Les hommes de Chrysler sont en ville) au Théâtre La Licorne. Ils sont jeunes, mais ils ont déjà leurs fans. Ces six amis, parmi les plus prometteurs interprètes de leur génération, se nomment Maxime Denommée, Kathleen Fortin, Maxim Gaudette, Fanny Mallette, Patrice Robitaille et François Létourneau, auteur du loufoque suspense "sexistentiel" qui les réunit. Un casting aguichant pour une pièce corsée, qui se déroule chez les escortes.
Non, François Létourneau n’a pas fait de recherche sur le terrain avant de se lancer dans la rédaction de cette rocambolesque histoire d’agence "toute spéciale" dévalisée par les hommes de main d’un commerce concurrent. Le diplômé du Conservatoire d’art dramatique de Montréal a écrit cette comédie en catimini, en même temps que sa fantaisie country Stampede, montée par Claude Poissant en 2001. En s’inspirant des agences artistiques… pour leurs "books" d’artistes, précise-t-il.
À quelques jours de la première, le jeune homme s’inquiète: les scènes de Cheech ne seront pas jouées en ordre chronologique, et il craint que cela ne déroute le public, plus habitué à reconstituer ce genre de puzzle au ciné qu’au théâtre. "Il y a une progression dans l’histoire, mais la journée est morcelée en flashs, explique-t-il. L’idée de la structure m’est venue à mesure que j’écrivais. J’ai commencé par rédiger des monologues, sortes de climax pour chacun des personnages, puis j’ai décidé de n’écrire que les moments dont j’avais envie, sans me préoccuper de l’ordre. Aujourd’hui, je trouve que quelque chose correspond entre la forme de la pièce et le propos, la vie de ces gens-là."
Dans le désordre, donc, nos six protagonistes vivront la pire journée de leur existence. Avec l’ironie candide qu’on lui connaît (celle de son Conte urbain Minigolf, lu en décembre dernier), François Létourneau nous entraîne dans une virée chez les prostituées, qui se préparent à l’arrivée des congressistes de la compagnie Chrysler. Ron (Patrice Robitaille, le gars au volant parmi les trois bozos en route vers l’aéroport dans le film Québec-Montréal, qu’il a coscénarisé) est propriétaire d’une petite agence; il pense avoir tout ce qu’il faut pour divertir les hommes de Chrysler… jusqu’à ce que son entreprise soit cambriolée. Toutes les photos de ses protégées ont disparu, et Ron dispose d’à peine une journée pour refaire son catalogue…
"Tous les personnages sont à la limite de la dépression. Ils sont très seuls et essaient de mettre de l’ordre dans leur vie, sans y parvenir." Parmi eux se trouve un client néophyte, incarné par Létourneau. L’auteur a un faible pour les êtres naïfs, sortis de leur bocal. "Frédéric Blanchette dit que j’écris des "fish out of the water comedies"…"
En répétition, le metteur en scène aurait aussi affirmé que cette pièce ne ressemblait à rien. "Ça me fait un peu peur!" rigole-t-il. Les deux complices ont fondé le Théâtre Ni plus ni moins en 1999, et travaillent côte à côte depuis. "Sa façon de diriger colle bien à la pièce, qui est beaucoup dans l’action. Fred ne veut pas qu’on joue des émotions, mais plutôt qu’on serve l’histoire." Pour les épauler, le Théâtre La Manufacture leur a déniché des concepteurs expérimentés, dont Olivier Landreville (décor) et Jean-François Pednô (musique).
Si François Létourneau est convaincu que le théâtre doit divertir avant tout, cela ne l’empêche pas d’aborder dans Cheech des sujets tels que la quête du bonheur, le manque de temps et la solitude. Sans insister. "Les réponses ne sont pas toutes dans la pièce. J’espère que les spectateurs en sortiront avec un petit feeling, en se posant des questions. Comme disait Harold Pinter, une pièce de théâtre, ce n’est pas un mot mystère! La solution n’apparaît pas obligatoirement à la fin…"
Du 14 janvier au 22 février
Au Théâtre La Licorne