Les Oiseaux du Mercredi : Prendre son envol
Scène

Les Oiseaux du Mercredi : Prendre son envol

Le chant est un bien dangereux passe-temps. C’est ce que démontrent avec un plaisir sadique – et contagieux! – les diplômés du Conservatoire d’art dramatique de Montréal, promotion 2002, réunis dans le suspense policier Les Oiseaux du Mercredi. Ce savoureux premier spectacle professionnel, résolument au-dessus de la moyenne des exercices du genre, est issu des imaginaires débridés du jeune auteur Marc-Antoine Cyr (Le Fils de l’autre, joué en 2001 à Carleton) et du metteur en scène d’expérience Reynald  Robinson.

Le chant est un bien dangereux passe-temps. C’est ce que démontrent avec un plaisir sadique – et contagieux! – les diplômés du Conservatoire d’art dramatique de Montréal, promotion 2002, réunis dans le suspense policier Les Oiseaux du Mercredi. Ce savoureux premier spectacle professionnel, résolument au-dessus de la moyenne des exercices du genre, est issu des imaginaires débridés du jeune auteur Marc-Antoine Cyr (Le Fils de l’autre, joué en 2001 à Carleton) et du metteur en scène d’expérience Reynald Robinson.

Tout débute lorsqu’une chorale pas banale est choisie pour représenter le Canada lors d’un grand rassemblement à Rome. Elle se nomme "Les Oiseaux du Paradis" et ses membres piaillent à qui mieux mieux, tellement ils sont heureux d’aller chanter devant le pape. Ils feront vibrer Jean-Paul, c’est décidé! Mais soudainement, le soliste adoré de tous, Malcolm Moreno, meurt de façon mystérieuse, empoisonné par un sandwich à l’arsenic. Soupçons, enquête, noyade et trahisons, c’est l’enfer pour nos drôles d’oiseaux. L’ambition des uns, la malhonnêteté des autres et la perspicacité d’un détective menacent leur départ vers les vieux pays.

Reynald Robinson met en scène cette comédie policière déjantée avec fantaisie, rigueur et humour. Les neuf chanteurs dépeints par Cyr souffrent d’individualisme à outrance. Incapables de travailler en communauté, ce sont des gens de peu de foi, assoiffés de lumière et aveuglés par leur gloire personnelle. Le metteur en scène les a habillés de noir (des costumes inventifs de Linda Brunelle) et les fait évoluer dans un espace obscur, d’où émergent leurs visages maquillés de blanc. À première vue, on dirait qu’ils jouent sur une scène entièrement vide; pourtant, une énorme structure sombre trône au fond de la scène, munie de caches permettant aux comédiens d’apparaître et de disparaître, de même que d’une passerelle au deuxième étage, ce qui donne lieu à des scènes visuellement très intéressantes, dont un marrant vernissage.

À la trame policière classique, le jeune auteur originaire de Carleton a ajouté des chansons de différents styles – il y a même du gospel – et des confidences en solo, faites à une interlocutrice invisible. Grotesques avec leurs visages peints à la manière des expressionnistes allemands, nos neuf zigotos sont comme prisonniers d’un corridor, et ne bougent qu’en ligne horizontale, sans utiliser la profondeur de la scène, ne formant jamais un véritable groupe. Ainsi, le spectateur a un peu l’impression de regarder une pièce en cinémascope… Les éclairages de Réjean Paquin sculptent les silhouettes et les visages tandis que la musique d’Yves Morin ajoute au suspense.

Les interprètes se tirent bien d’affaire, particulièrement Sébastien Dodge, savoureux dans les rôles d’un riche héritier sans amis et d’un détective hypersensible au nom imprononçable; Émilie Bibeau, attachante en ambitieuse directrice de chorale; et Benoît McGinnis, touchant en homosexuel qui se croit mourant. Stéphanie C. Blais, Caroline Bouchard, Bénédicte Décary, David-Alexandre Després, François Gadbois et Sophie Vaillancourt complètent la distribution, et contribuent au succès de cette agréable soirée meurtres et mystère.

Jusqu’au 25 janvier
À la salle Fred-Barry