José Babin : Le coeur sur la main
Scène

José Babin : Le coeur sur la main

"Certains auteurs vont écrire pour un acteur; moi, j’ai conçu ce spectacle pour une marionnette." Avec un sourire d’autodérision, José Babin confie l’attachement qu’elle éprouve pour son petit Érectus, un squelette à tiges fabriqué il y a trois ans par le codirecteur du Théâtre Incliné, Alain Lavallée. Leur muse fera ses premiers pas sur scène dans Le Heurtoir, un huis clos impressionniste quasi muet, construit autour de quelques projecteurs et d’un paquet  d’os…

"Certains auteurs vont écrire pour un acteur; moi, j’ai conçu ce spectacle pour une marionnette." Avec un sourire d’autodérision, José Babin confie l’attachement qu’elle éprouve pour son petit Érectus, un squelette à tiges fabriqué il y a trois ans par le codirecteur du Théâtre Incliné, Alain Lavallée. Leur muse fera ses premiers pas sur scène dans Le Heurtoir, un huis clos impressionniste quasi muet, construit autour de quelques projecteurs et d’un paquet d’os…

Toute l’action du Heurtoir se déroule entre deux battements de coeur de Thomas (Stéphane Théorêt), un carriériste pour qui ça va mal, très mal. "C’est un homme de notre époque, qui ne pense qu’au boulot. Un matin, il est victime d’un arrêt cardiaque. Durant cet "arrêt sur image", nous le suivons dans un univers étrange, où il est confronté à la vie, à la mort et aux traces qu’il laissera dans l’histoire de l’humanité." Il sera guidé dans son périple intérieur par une femme-heurtoir (Marcelle Hudon), ainsi que par la musique live du contrebassiste Jean-Christian Houde et, surtout, les éclairages soignés de Sylvain Letendre.

Car cette fois, c’est au tour de la lumière d’être… sous les projecteurs, s’enthousiasme l’auteure et metteure en scène du spectacle. En août dernier, José Babin s’est enfermée avec Alain Lavallée et Sylvain Letendre au Théâtre d’Aujourd’hui, pour une résidence d’un mois. "Durant cette recherche intensive sur la dramaturgie de la lumière, nous avons mené des expériences avec des projecteurs, mais aussi avec des lampes pour produire un théâtre d’ombres inspiré de ce que font les maîtres italiens du Teatro Gioco Vita, auprès de qui Alain a effectué un stage. Nous avons ensuite demandé au scénographe Patrick Martel d’imaginer un décor autour de cette lumière. Ainsi, il n’y aura pas d’éclairage général dans le spectacle, juste des petits faisceaux lumineux, qui permettent d’extraire des parties du corps."

Depuis sa création en 1991, le Théâtre Incliné s’est penché sur le mime et l’acrobatie (Entrez sans frapper et Ridofou), puis sur la performance et enfin la marionnette (Exit?, L’Oil de Rosinna). José Babin et Alain Lavallée disent être les seuls au Québec à s’inspirer des principes de mime élaborés par Étienne Decroux… pour les mettre en pratique avec des marionnettes. C’est avec Denise Boulanger, d’Omnibus, qu’ils ont imaginé ce tour de passe-passe. "En appliquant les techniques de mime à la manipulation, on a découvert quelque chose d’hallucinant, qui clarifie tout!"

Depuis, José Babin est fascinée par le pouvoir d’attraction des créatures de bois et de chiffon. "Il y a une identification immédiate. Si la marionnette est utilisée depuis le Moyen-Âge, c’est parce qu’elle est directement liée au souvenir et à l’émotion. Elle permet de parler à un très vaste public et pourtant, certains diffuseurs craignent encore de ne pas remplir leurs salles avec des spectacles de marionnettes pour adultes."

Heureusement, l’éclosion de plusieurs compagnies consacrées au théâtre d’objets pourrait faire avancer la cause. "De plus en plus de manipulateurs d’expérience se tournent vers le public adulte, par exemple les compagnies Kobol, Soma et Pupulus Mordicus. Et les jeunes diplômés des écoles de théâtre, comme ceux du Théâtre de la pire espèce (Ubu sur la table), emboîtent le pas, observe-t-elle. Le public apprécie l’espèce de dérision, d’irrévérence que permet la marionnette."

Du 12 février au 2 mars
À l’Espace libre