Les Paysages-manteaux : Rentrer dedans
Dans sa dernière création, Les Paysages-manteaux, MARIO VEILLETTE s’intéresse aux paysages que nous portons sur nous et en nous.
"L’environnement colore vraiment la façon dont on habite notre corps", croit Mario Veillette, dont on a pu voir ces dernières années plusieurs improvisations structurées inspirées soit de lieux publics, soit d’expositions d’art. Son nouveau spectacle, Les Paysages-manteaux, ne laisse aucune place à l’improvisation. Ses deux interprètes Julie Pichette et Jean-Philippe Joubert évolueront dans un environnement créé sur mesure par Julie. Ce sont des costumes-sculptures en plastique transparent et en ouate.
Des paysages mentaux ont par ailleurs façonné la gestuelle des Paysages-manteaux: caverne, désert, marécage, milieu sous-marin. En fait, lorsqu’il amorce une création, toujours par de l’improvisation, Mario Veillette utilise souvent des images de paysages pour stimuler ses danseurs. Il s’agit d’une méthode de travail empruntée au butô, bien que le chorégraphe ne considère pas ses oeuvres comme du butô pur.
Les pièces de Veillette, somme toute assez dépouillées, ne misent pas sur la virtuosité, ce qui ne signifie pas que leur exécution soit facile. "Mes interprètes ont besoin d’une grande intériorité. Il faut qu’ils restent vraiment en contact avec l’intérieur d’eux-mêmes tout en nourrissant la boucle avec le spectateur." Il donne l’exemple d’un mouvement en huit du plexus solaire que les deux danseurs doivent conserver pendant plusieurs minutes tout en faisant autre chose.
Si le chorégraphe connaissait Julie et Jean-François depuis une bonne dizaine d’années, il ignorait combien il serait difficile de réconcilier leurs approches. Adepte de butô, Julie avait pris l’habitude d’effacer l’expression de ses sentiments, tandis que Jean-Philippe, formé en théâtre, se préoccupait des intentions des personnages. Dialogue de sourds, raconte le chorégraphe en riant: "Julie lui disait: »Il n’y en a pas d’intention, il n’y en a pas de personnage. Commence par laisser passer le mouvement à travers toi et on verra plus tard. »" Cette dynamique est toujours perceptible dans le produit fini: les personnages des Paysages-manteaux oscillent entre complicité et distance.
Les 13, 14, 15, 20, 21 et 22 février
À La Rotonde
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