Paul-André Fortier : Le feu de la danse
Scène

Paul-André Fortier : Le feu de la danse

À l’oeuvre depuis une trentaine d’années, le chorégraphe PAUL-ANDRÉ FORTIER a toujours le feu sacré. On retrouve ce pionnier de la danse contemporaine montréalaise dans la reprise de Tensions, spectacle créé il y a deux ans au FIND. Deux solos parallèles qui rendent sensible la solitude  urbaine.

À une époque plus reculée, Paul-André Fortier aurait très bien pu être un mage, un druide, un prophète ou un alchimiste, tout simplement parce qu’il en a le charisme et la sagesse. On sent chez cet homme un rapport très étroit entre corps et esprit qui se traduit par une sorte d’état de plénitude. Ce sentiment d’unité, il nous en fait cadeau lorsqu’on accepte de se laisser bercer par le ton rassurant de sa voix.

"Le succès, me confie-t-il, ce n’est pas la grosseur de ton nom sur les affiches ou le nombre de villes dans lesquelles tu as dansé à travers le monde. Le succès, c’est pouvoir exercer ton métier le plus longtemps possible en faisant en sorte que ce soit pertinent pour toi et pour ceux qui te permettent de l’exercer."

Voilà sans doute pourquoi ce chorégraphe et interprète, qui oeuvre en danse depuis une trentaine d’années, est toujours animé du même feu qu’à ses débuts, dans les années 70, avec le Groupe Nouvelle Aire. Paul-André Fortier reste l’un des pionniers du "bouger montréalais". Mais malgré ce que le milieu de la danse contemporaine doit à cet artiste d’envergure, il reste humble et accessible. Ses oeuvres sont d’ailleurs le reflet de ce contact qu’il sait entretenir entre la réalité que les gens vivent au quotidien et l’art dynamique qu’il pratique.

Tensions, une de ses dernières créations, en est la preuve. Deux ans après la première de cette pièce, au FIND, la voici de retour à Montréal. Il s’agit de deux solos interprétés en parallèle par Robert Meilleur et Paul-André Fortier. Mais ces petites solitudes dansées ont de particulier la situation de non-relation qu’elles imposent aux danseurs. Le même genre de frottement des solitudes dont on peut faire l’expérience à chaque jour au coeur de l’activité urbaine.

Il est intéressant de constater que cette situation engendre une inévitable tension chez le spectateur qui tente, par nécessité, de remplir le vide sémantique qu’il perçoit. Ceci ayant pour effet de produire un triangle tenseur unifiant le spectateur aux deux danseurs.

La participation, autant imaginative que kinesthésique, est importante pour ce créateur montréalais. "La façon dont on dépense notre énergie, dont on occupe l’espace ou dont on s’épuise est porteuse d’émotions et d’états intérieurs. Je suis convaincu que le spectateur le ressent et danse avec nous. Quand je me retrouve moi-même spectateur, c’est ce qui se produit. C’est comme ça que la danse me rentre dedans."

Tous les éléments seront là pour que ce spectacle nous positionne en état de questionnement dans une atmosphère résolument urbaine: autant la gestuelle des interprètes que la projection vidéo effectuée par Patrick Masbourian, les éclairages de John Munro et la musique du compositeur Alain Thibault.

Du 20 au 22 février
À la Salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau

//.présence./.techno./.labo.//
Qu’est-ce qu’un corps dansant, à l’aube du troisième millénaire où l’omniprésence de la technologie se reflète dorénavant dans toute production humaine, quelle que soit sa nature? Doit-on résister ou essayer de faire corps avec l’univers des médias électroniques qui nous entoure? Marie-Claude Poulin et Martin Kusch se sont posé ces questions en amorce du processus de création de leur performance multimédia //.présence./.techno./.labo.// qu’ils présenteront du 20 au 23 février prochain, à Tangente, à la suite d’une semaine de résidence dans ce lieu de diffusion.

Les deux créateurs se sont rencontrés à Berlin, en 1999, lors du projet de recherche Körper-Technik//Body Technology, organisé dans le cadre du Festival Theater der Welt. L’ensemble Kondition pluriel, qu’ils dirigent depuis plus de deux ans, concilie l’expérience en danse contemporaine de Poulin et celle de Kusch en arts médiatiques dans le but commun d’un mariage équitable entre les arts de la scène et l’environnement médiatique.

Leur toute dernière création réunit sur scène les musiciens Alexandre St-Onge, Scott Monteith et Mathieu St-Arnaud, ainsi que 10 danseurs/performeurs portant chacun des capteurs de mouvements. "Les différents artistes sont liés entre eux sur scène par le même type de protocole de communication que celui d’Internet, disent les créateurs. Chacune de leurs actions influence celles des autres en temps réel. Il s’agit d’un univers où les règles sont dictées par la boucle, la transformation (process) et la rétroaction (feedback)."

L’idée de transformation du corps sous-jacente aux propos de ces deux artistes – tournant d’ailleurs souvent à la transfiguration lorsqu’on tombe dans le virtuel – est très intéressante, car il est tout à fait dans l’air du temps de s’interroger sur les possibilités et les limites d’une telle transformation. Jusqu’où pourra-t-on entretenir une relation saine avec le virtuel sans y perdre pour autant notre essence?

Du 20 au 23 février
À Tangente