Pascal Contamine : Télé théâtre
Scène

Pascal Contamine : Télé théâtre

Pour le mois à venir, la scène du Quat’Sous se transforme en plateau de télé. C’est l’heure du délirant Ze Bouddha’s show, un quiz présenté en direct de l’au-delà par un animateur joufflu qui promet le nirvana en cadeau. Après Éric Jean (Hippocampe) et Évelyne de la Chenelière (Au bout du fil), la troisième et dernière carte blanche de la saison est tendue à Pascal Contamine, artiste engagé et fantasque qui nous promet une loufoquerie tragique inspirée de l’univers bédé de Philémon et des reality shows américains. N’ajustez pas votre appareil.

Pour le mois à venir, la scène du Quat’Sous se transforme en plateau de télé. C’est l’heure du délirant Ze Bouddha’s show, un quiz présenté en direct de l’au-delà par un animateur joufflu qui promet le nirvana en cadeau. Après Éric Jean (Hippocampe) et Évelyne de la Chenelière (Au bout du fil), la troisième et dernière carte blanche de la saison est tendue à Pascal Contamine, artiste engagé et fantasque qui nous promet une loufoquerie tragique inspirée de l’univers bédé de Philémon et des reality shows américains. N’ajustez pas votre appareil.

Ze Bouddha’s show est la troisième création de Pascal Contamine en autant d’années, après Five wolf deavtov circus, signée du pseudonyme Tornado Ricci, et Oportet… De la nécessité de l’hérésie et de la musique pygmée, écrite sous celui d’Henry Scott. Cette fois, l’auteur serait un certain Étienne Thana. Comment résumer la chose? Disons simplement que tout débute par le suicide d’Ephrème Damarique, victime d’un sort. À sa grande surprise, il est accueilli du côté de la mort par une escouade hystérique, car il est le cent milliardième mort de l’humanité. Avec cette pièce, Pascal Contamine souhaite poser un regard critique sur l’Amérique. "Les mots-clés pour décrire ce spectacle pourraient être: politique, absurde et bande dessinée…"

Au-delà de l’humour clownesque et des références aux émissions Jerry Springer, Loft Story ou Gladiator, cette pièce baroque se veut une réflexion sur la condition humaine. Au fil de ses recherches dans les mythologies celtes, grecques, hindoues, bouddhistes et africaines, Pascal Contamine a découvert que notre rapport à la mort, très clinique, est révélateur de notre rapport à la vie. "À l’école, on ne nous apprend pas la mort. Pourtant, s’il y a une certitude, c’est que l’on va tous mourir, mais cela reste tabou. Parfois, le suicide peut apparaître comme une porte de sortie, une façon de dire que l’on n’est pas d’accord avec le système. Sauf qu’avant de prendre cette porte, il faut explorer les valeurs à défendre du côté de la vie, par exemple, l’amour, le rire, le détachement, l’acceptation de la mort et la paix intérieure."

Au cours des deux derniers mois, Pascal Contamine a retravaillé le Bouddha’s show à la lumière de discussions avec les concepteurs et comédiens, entre autres sur l’omniprésence de l’automobile en Amérique et l’importance du pétrole. Ils ont toutefois choisi de mettre la pédale douce, en raison des tensions au Moyen-Orient. "Quand la réalité dépasse la fiction, il n’y a plus de poésie." Quelques traces persistent tout de même, dont la présence de cercueils à roues. Le but avoué, c’est de désarçonner. "On caricature toutes les cultures représentées, c’est assez anti politically correct."

Selon lui, les 15-35 ans rigoleront beaucoup, tandis que les autres auront une belle occasion de s’initier à l’humour absurde. "Ce texte, c’est avant tout un prétexte pour rencontrer d’autres individus et pour se poser ensemble des questions." À la scénographie, David Pelletier a eu le grand défi de faire petit, vu les dimensions restreintes de la scène. "Nous avons atteint un bel équilibre entre nos idées de grandeur et l’espace disponible", précise le metteur en scène, très fier aussi de la musique techno proposée par Jean-Sébastien Roux.

Pascal Contamine a une manière bien à lui d’effectuer son casting: autour d’un café, les yeux dans les yeux, souvent sans même avoir vu ses recrues au travail. Pour cette fantaisie bouddhiste, il s’est entouré de Louise Boisvert, Manon Brunelle, Éloi Cousineau, Catherine De Sève, Patrick Drolet, Adrien Lacroix et Igor Ovadis… dans le rôle du souriant maître. "Je me fie à la qualité du regard, à la lumière qui est là. Dans l’absurdité de la vie, on a l’impression d’avoir une influence sur ce qui arrive parce qu’on prend des décisions, mais c’est peut-être le contraire. Moi, j’aime bien laisser place aux rencontres du destin…"

Du 3 mars au 5 avril
Au Théâtre de Quat’Sous