Cirque Éloize : Heureux hasard
Certains événements, dit-on, sont écrits dans le ciel. C’est du moins ce que croit JEANNOT PAINCHAUD, le fondateur et directeur artistique du Cirque Éloize. C’est que les derniers mois se sont déroulés comme un songe pour lui, comme pour sa troupe d’ailleurs.
En entrevue, sa mine lumineuse ne trompe pas: il tient un hit et n’en est pas peu fier! Le motif de sa bonne humeur? Sa rencontre fortuite, il y a un peu plus d’un an, avec Daniele Finzi-Pasca. Fondateur du Teatro Sunsil, à Lugano, ce dernier est connu d’un bout à l’autre de la planète depuis qu’il a ravi les publics tous azimuts avec son spectacle solo Icaro.
"Daniele, raconte Painchaud, est carrément tombé du ciel. Après avoir terminé la tournée internationale d’Excentricus, nous nous sentions prêts à aller plus loin, mais la direction à emprunter nous semblait plus ou moins claire. Daniele, en véritable magicien qu’il est, est venu nous aider à matérialiser nos intuitions." Et des intuitions, la troupe fondée aux îles de la Madeleine il y a 10 ans en avait à la tonne. "Comme nos spectacles font maintenant le tour du monde, il est primordial de stimuler une forte cohésion entre les acrobates, car ils s’apprêtent à passer plus d’un an ensemble, et ces mois-là seront des plus intenses!" lance celui qui ne cache pas sa fierté devant la popularité monstre que connaît désormais Éloize tant au Québec qu’en Europe et aux États-Unis.
Créateur mais homme de scène avant tout, Finzi-Pasca accepte donc de se joindre à la troupe, pressentant la grande complicité qu’il allait partager avec les artistes québécois. "Comme la troupe est constituée en grande partie de jeunes acrobates, le travail de Daniele s’est révélé crucial: en six mois de création intensive, il a réussi à leur inculquer sa vision de la présence scénique, très peu commune dans le monde du cirque." Contrairement à la plupart des metteurs en scène, l’Italo-Suisse voit le cirque comme une occasion privilégiée de faire émerger la beauté. "Au lieu de travailler d’emblée l’aspect physique, acrobatique, spectaculaire, il a beaucoup insisté pour que chacun développe une grande intimité avec son personnage, touche à une certaine vérité à travers le processus de création", explique Painchaud.
Ce caractère théâtral auquel Éloize tient mordicus ne date pas d’hier. Ses deux premiers spectacles, Excentricus et Cirque Orchestra, portaient une marque franchement dramatique. Une couleur qu’on voit rarement s’amalgamer aussi naturellement à l’art du cirque. "Dans Nomade, le thème du voyage, de la découverte de l’autre et du rêve sont très présents, mais ce ne sont pas des éléments employés au hasard pour lier les numéros acrobatiques, précise le maestro de la troupe. L’histoire, si elle n’est pas narrative comme au théâtre, suit tout de même un fil précis. Pour moi, ça demeure primordial qu’au-delà des acrobaties émerge une histoire."
Et comme "la nuit, le ciel est plus grand" (sous-titre de la pièce), on a voulu rendre le charme de l’atmosphère nocturne. Tous les moyens ont été mis en oeuvre pour faire de Nomade une expérience aussi riche pour l’âme que pour les sens. Aux 18 acrobates et clowns qui forment le noyau dur du spectacle se sont joints la pianiste de jazz Lucie Cauchon – qui a composé toutes les musiques – et le scénographe Guillaume Lord, dont les décors ont déjà fait le tour du monde plus d’une fois. Mérédith Caron, qu’on connaît surtout pour sa collaboration avec de nombreuses troupes de théâtre montréalaises, signe la création des costumes alors que Martin Labrecque, reconnu pour l’originalité de ses éclairages, fait briller la scène de tous ses feux. Des complices de haute voltige, donc, qui ont permis au Cirque Éloize – sous la main de maître de Daniele Finzi-Pasca – d’atteindre un niveau de raffinement inespéré, de l’avis de son directeur artistique. Quand l’esthétisme italien rencontre la souplesse québécoise, ça risque de faire des étincelles.
Les 27, 28 et 29 mars
Au Théâtre Capitole
Voir calendrier Variés