Critique : Apasionada ou La Casa Azul
Scène

Critique : Apasionada ou La Casa Azul

Jusqu’au 5 avril
Au Théâtre de la Bordée
Suite de courtes scènes, Apasionada ou La Casa Azul évoque la vie de Frida Kahlo, célèbre peintre mexicaine: sa relation passionnée avec le muraliste Diego Rivera, ses rencontres, ses voyages, son combat contre la souffrance  physique.

Jusqu’au 5 avril
Au Théâtre de la Bordée

Suite de courtes scènes, Apasionada ou La Casa Azul évoque la vie de Frida Kahlo, célèbre peintre mexicaine: sa relation passionnée avec le muraliste Diego Rivera, ses rencontres, ses voyages, son combat contre la souffrance physique.

Si la pièce dessine clairement le portrait du couple Kahlo-Rivera, et si les textes, très beaux, inspirés des écrits de la peintre, donnent lieu à des scènes touchantes, dans lesquelles les comédiens sonnent juste (Lise Roy, Patric Saucier et Sophie Faucher, également auteure de la pièce), l’ensemble manque parfois, surtout en première partie, d’un certain souffle dramatique. Peut-être à cause de la brièveté des scènes, peut-être à cause de la quantité d’informations qu’on a voulu livrer sur l’artiste. En effet, on raconte parfois plus qu’on n’agit; la peintre, par exemple, en explique plus qu’il n’est plausible dans la scène où elle présente, un peu longuement, les relations du couple avec Trotski. Malgré l’intérêt de ce type d’information, il est dommage que certains éléments de la vie de Frida Kahlo ne soient pas suffisamment théâtralisés, comme c’est le cas dans d’autres passages.

Visuellement très beau, le spectacle évoque, à travers les costumes, les accessoires, les éclairages ou les projections, les oeuvres de Frida Kahlo et de Diego Rivera. Sur le devant de la scène, un écran translucide; derrière, l’espace de jeu, plongé en général dans le noir. Le décor est créé, pour chaque scène, par des objets et par un éclairage très circonscrit, créant des zones de lumière et d’ombre. Le résultat en est l’impression – tout à fait réussie – d’assister à la présentation d’une série de tableaux: les images, surgissant du néant, s’éclairent une à une. Sur l’écran, de plus, sont projetés différents éléments: dates et lieux, textes, mais aussi dessins et toiles. Le résultat est parfois saisissant, en particulier lorsqu’il s’agit de murales de Diego Rivera sur lesquelles, en transparence, on le voit travailler.

À ces éléments visuels s’ajoute l’utilisation poétique des objets, signature du metteur en scène Robert Lepage, qui donne à certains accessoires une fonction métaphorique. Les mouvements que cette utilisation entraîne semblent parfois contraignants pour les comédiens, et pas toujours fluides; il s’en dégage néanmoins de fortes images, qui cadrent à merveille dans le monde de Frida Kahlo.

On garde de ce spectacle des couleurs, des impressions, comme au sortir d’une exposition; s’établit alors une relation directe, et brillante, entre sujet et mise en scène. Plusieurs tableaux, cependant, gagneraient à être moins narratifs, plus "habités", ce qui permettrait d’entrer plus profondément encore dans cet univers singulier.