Au moment de sa disparition : En parcours de route

"J’aime beaucoup jouer devant des adolescents, confie François Létourneau. C’est un public très franc, qui s’exprime immédiatement. J’ai des souvenirs de spectacles où les jeunes réagissaient vraiment beaucoup: il y avait des ambiances de show rock."

C’est à ce public que se consacre exclusivement, depuis 1989, le Théâtre Le Clou, créant notamment, il y a quelques années, la série Les Zurbains. "Le Clou fait du théâtre de création: du théâtre fait maintenant et ici, pour les ados de maintenant, observe François Létourneau. Ça leur montre que le théâtre, c’est vivant, que le théâtre peut leur parler de choses actuelles, qui les touchent de façon immédiate." Déjà bien accueillie par son public depuis sa création en 2001, la huitième production du Clou, Au moment de sa disparition, a récolté, en février dernier, trois Masques: Masque de la production jeunes publics, Masque du texte original (Jean-Frédéric Messier) et Masque de la mise en scène (Benoît Vermeulen).

François Létourneau, comédien et auteur, participe, depuis les débuts, à l’aventure d’Au moment de sa disparition. Il y incarne Dave, personnage dans la vingtaine qui retrace le parcours de son frère aîné, JF (Michel Bérubé), disparu 10 ans auparavant. À travers des objets, des images, Dave recrée le passé: la relation avec son frère, le départ de JF, sa quête, avec son amie Soyal (Valérie Cantin), jusqu’au désert de l’Arizona, où il entre en contact avec la mythologie des Hopis, et sa disparition. "JF est disparu dans le désert, mais Dave a la preuve qu’il n’est pas mort: chaque année, il reçoit un dessin de son frère."

Au fil du récit, on découvre deux frères totalement différents, mais très complices. "Dave, c’est le jeune en admiration devant son grand frère; mais en même temps, il est troublé par ce qu’est en train de devenir JF. JF a de la difficulté à fonctionner à l’école, dans la société; il est sous médication. Dave est beaucoup plus cérébral et, par la force des choses, le jeune frère joue un peu le rôle du grand frère, parce que JF est plutôt instable. JF c’est le rêveur: il n’arrive pas à entrer dans les rangs et cherche un endroit au monde où il va pouvoir vivre sa différence. Les ados, je crois, peuvent s’identifier à JF; quand on est adolescents, c’est un moment de la vie où on se sent, justement, très différent. "

Ainsi, à travers la relation de deux frères, la pièce traite de la recherche et de l’acceptation de soi. "JF représente beaucoup la quête de soi-même. Il reçoit une espèce d’appel; c’est alors qu’il décide de partir, de chercher, pour finalement disparaître dans le désert. On peut penser qu’il a trouvé, avec les Indiens navajos, une façon de vivre et d’être bien. La pièce parle ainsi du courage d’être soi-même et de prendre les moyens pour arriver à fonctionner dans le monde, sans renier ce qu’on est, comme tente de le faire JF."

Le spectacle Au moment de sa disparition marche bien, révèle le comédien. "D’abord, il y a la force du texte: ce n’est pas un texte didactique, c’est vraiment une bonne histoire qui est racontée. La mise en scène, en plus, est très inventive: il y a de la musique, des projections vidéo, des maquettes filmées en direct sur la scène et projetées sur l’écran. Il y a un côté un peu "broche à foin", qui intrigue les jeunes, et aide, je pense, à créer l’intérêt."

Après avoir joué un peu partout au Québec, à Ottawa, à Winnipeg et à Strasbourg, l’équipe s’arrête à Québec. L’an prochain, pour cette pièce aux allures, dit-on, de road-movie, le trajet se poursuit en France, et peut-être en Espagne.

Du 27 au 29 mars

Au Théâtre de la rue Saint-Jean
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