Jacques Languirand : Passer par quatre chemins
Scène

Jacques Languirand : Passer par quatre chemins

Ces jours-ci, Jacques Languirand met la touche finale à une création qui le hante depuis les années 60. Enfermé du matin au soir dans un grand hangar planté entre deux ateliers de carrosserie, le célèbre communicateur dirige les répétitions de Man inc., un ovni qui emprunte autant à la comédie musicale qu’au théâtre d’images. L’auteur et metteur en scène de cette pièce "mixmédia", comme il l’appelle, est fier de présenter enfin au public montréalais cet amalgame de musique, de chant, de danse et de mots, dont les bandes sonores moisissaient dans son sous-sol depuis une trentaine d’années. Un projet à la (dé)mesure de son créateur.

Ces jours-ci, Jacques Languirand met la touche finale à une création qui le hante depuis les années 60. Enfermé du matin au soir dans un grand hangar planté entre deux ateliers de carrosserie, le célèbre communicateur dirige les répétitions de Man inc., un ovni qui emprunte autant à la comédie musicale qu’au théâtre d’images. L’auteur et metteur en scène de cette pièce "mixmédia", comme il l’appelle, est fier de présenter enfin au public montréalais cet amalgame de musique, de chant, de danse et de mots, dont les bandes sonores moisissaient dans son sous-sol depuis une trentaine d’années. Un projet à la (dé)mesure de son créateur.

Conçu entre 1963 et 1968, Man inc. est joué en version anglaise à Toronto en 1970, 15 soirs seulement. Il s’agit alors du spectacle multimédia le plus considérable jamais produit au Canada. Au Québec, la fermeture du Centre culturel du Vieux-Montréal (aujourd’hui le Centaur), fondé par Jacques Languirand, entraîne l’annulation du spectacle… et plonge l’homme dans une profonde dépression. Il abandonne alors le théâtre pour se consacrer à la radio et n’y revient qu’au début des années 90, à l’invitation de Robert Lepage qui lui propose de jouer dans son cycle Shakespeare. Pour célébrer ses 72 printemps, il réalise donc un vieux rêve: créer en français son ambitieux Man inc.

Comment définir la chose? "C’est une comédie musicale jazz, amorce-t-il. Le spectacle dure 1 h 45, avec 45 minutes de projections, divisées en 10 séquences. Chaque médium artistique véhicule son propre contenu, et le contenu d’ensemble naît de la confrontation de ces différents contenus." Tournées par Languirand, qui a passé six mois à l’ONF, les images d’inspiration pop art ont ensuite été transférées en format haute définition. "Nous sommes les premiers à utiliser la HD au théâtre!"

La pièce met en scène un couple menacé de rupture par les remises en question de Monsieur, qui amorce sa crise de la quarantaine en pestant contre la société de consommation. Un personnage que Languirand s’était écrit sur mesure. "Mais aujourd’hui, j’ai l’impression de l’avoir créé pour Jean Petitclerc, qui est incroyable. C’est un acteur créatif, exceptionnellement doué." À ses côtés se produiront les comédiennes-chanteuses Marie-Claude Michaud et Geneviève Bilodeau, ainsi que les danseurs Bill Coleman, Stéphane Labbé et Audrey Thibodeau, dans un décor (une murale divisée en quatre) signé Zilon.

Jacques Languirand est convaincu que cette version sera supérieure à la création torontoise. "La grande différence, c’est l’apport considérable de la chorégraphe Laurence Lemieux, que m’avait recommandée mon ami Jean-Pierre Perreault. J’ai toujours été embarrassé de ne pas avoir réussi, dans la première version, à fusionner les éléments. Cette fois, tout s’intègre bien grâce au travail de cette co-créatrice. Je m’amuse à dire que pour passer pour un grand metteur en scène, il faut choisir une bonne chorégraphe! (rires)"

Quant aux enregistrements dirigés par Norman Symonds, ils ont été restaurés après avoir été retrouvés dans un état épouvantable. "Je les ai fait entendre à André Ménard, du Festival International de Jazz, qui m’a confirmé leur valeur. Sur ces enregistrements, on entend jusqu’à 18 musiciens, ce n’est pas rien!" À cette musique s’ajoutent sur scène les voix du quintette La Bande Magnétik.

Languirand et sa compagne, la productrice Nicole Dumais, ont investi dans ce projet titanesque la bourse de 25 000 $ US qu’avait remportée une autre pièce, Faust et les radicaux libres, au prestigieux concours de la Fondation Onassis, en 2001. Cela, parce qu’aucun théâtre québécois n’a voulu courir le risque de produire ce show "tripatif", révèle l’espiègle créateur, qui consacre une énergie folle à cette revanche sur le destin. C’est ce qui s’appelle avoir de la suite dans les idées…

Du 27 mars au 6 avril
À la Salle Ludger-Duvernay du Monument-National