Karine Denault : Espace exploratoire
Scène

Karine Denault : Espace exploratoire

Les Printemps de la Danse mettent \à l’affiche la reprise d’Échine Barricade, de la talentueuse chorégraphe-interprète Karine Denault. Une oeuvre d’une singularité remarquable, qui élabore un "nouveau bouger". À  (re)voir.

Quand j’ai dit à Karine Denault que le mouvement qui ressortait de sa pièce Échine Barricade me faisait penser à la façon de bouger – empreinte d’une énergie planante, mais souvent saccadée – qu’on retrouve dans les boîtes de nuit, elle a semblé surprise, car cela n’avait pas été son intention. Or, ceci met en relief deux aspects importants de la création: premièrement, le spectacle est dans l’oeil de celui qui le regarde; deuxièmement, les créateurs captent souvent inconsciemment ce qui flotte dans l’air du temps.

"Ma porte d’entrée en création, c’est le corps et l’espace, m’explique la chorégraphe et interprète. Je travaille beaucoup à partir de sensations reliées au mouvement, ainsi qu’à partir de trajets spatiaux. Je tente, le plus possible, de sortir de ce qui m’est confortable. Cela m’amène sur des pistes inusitées qui sont habituellement très fertiles." On peut dire, en toute certitude, que cette technique de travail a permis à la jeune créatrice de trouver un filon fort intéressant. Car Échine Barricade fait preuve d’une singularité remarquable, dont l’une des principales caractéristiques est sûrement l’élaboration d’un "nouveau bouger", traduisant à merveille la présence imminente du corps virtuel – ou technologique – qu’on retrouve maintenant dans toutes les sphères médiatisées de notre société.

Même si Karine Denault sait faire preuve de flair, cela ne l’empêche pas de faire parfois fausse route. "Pour ma plus récente création, Mille têtes me gobent, me confie-t-elle, j’ai voulu dépasser Échine Barricade en restant dans la même énergie, mais sans refaire la même chose. Ça m’a amenée dans une tout autre direction. Il faut dire que je ne disposais que de trois mois pour monter cette pièce. Et comme je suis du genre à prendre habituellement mon temps pour bien faire les choses, ça a donné un résultat dont je ne suis pas entièrement fière. Mais la majorité des chorégraphes vous le diront, ça fait partie du cheminement créatif, car tout ne peut être une réussite".

Cette artiste de la relève démontre, sans contredit, une maturité créatrice et une grande connaissance de son principal outil de travail: le corps. "Il est intéressant de constater, me dit-elle d’ailleurs, que c’est souvent lorsqu’on essaie de théâtraliser la danse, pour qu’elle se rapproche de la réalité, qu’on crée par le fait même des corps fictifs qui s’éloignent de cette même réalité. Alors que c’est lorsqu’on est simplement présent dans une action corporelle ressentie, même si elle est abstraite, que le corps nous apparaît comme étant le plus vrai".

C’est donc dans le cadre des Printemps de la Danse que nous pourrons revoir en reprise Échine Barricade, qui met en scène la talentueuse chorégraphe-interprète Karine Denault. Et comme cet événement, mis en place par le réseau des Maisons de la culture et Tangente, vise à promouvoir le travail des jeunes chorégraphes, nous pourrons aussi apprécier, au cours de la même soirée, les oeuvres Tender Loving Care de Victor Quijada et Naufrage en trois temps de Hinda Essadiqi.

Le printemps de la danse

Du 2 au 24 avril

à surveiller
Place des Arts
La compagnie Danse-Cité – dont le mandat est d’accompagner, tout au long de leur processus de création, certains artistes sélectionnés sur le lot – est fière de nous présenter Errance et Réflexes – axone 1, de Dominique Porte, du 3 au 12 avril prochain, à la Cinquième salle de la Place des Arts.

Ce sera la première fois que cette artiste assumera le rôle unique de chorégraphe. Afin d’alimenter son imaginaire pour sa nouvelle création, elle est allée faire un tour au Japon pour observer, avec étonnement, comment les gens qui y vivaient réussissaient à concilier vie frénétique et méditation. C’est à partir de ce contraste qu’elle s’est interrogée sur le rapport de l’individu à son environnement dans notre société occidentale.

Il semble s’agir d’une oeuvre branchée directement sur une réalité préoccupante, qui est le théâtre vivant d’une dichotomie avec laquelle nous devons composer au quotidien. À savoir: "la vie de fou qu’on mène" versus "la quête du bonheur et de la liberté"…

Auditorium le Prévost
Dans le cadre de la 8e édition de Vue sur la relève, diffusée par Créations Etc. en collaboration avec la Maison de la culture Villeray, nous pourrons voir, le 2 avril seulement, Pied à terre de Lük Fleury, Le temps des loups de Marie-Julie Asselin et Accord perdu de Julie Pilon. Il s’agit de trois univers totalement différents qui sauront plaire à un large public. L’entrée est gratuite avec laissez-passer. Pour plus d’information, téléphonez au (514) 872-6131 ou au (514) 278-3941.