Louise Harvey et Anne Théberge : Double X
Scène

Louise Harvey et Anne Théberge : Double X

Depuis Moi et l’autre il y a 30 ans, très peu de duos féminins, pour ne pas dire aucun, s’étaient pointés dans la sphère de l’humour québécois, qui a pourtant connu une expansion démentielle ces dernières années. Voici que LOUISE HARVEY et ANNE THÉBERGE débarquent pour combler cette  absence.

Pourquoi un spectacle intitulé XX? Un clin d’oeil au chromosome qui détermine le sexe féminin? Parce qu’étant encore inconnues en tant qu’humoristes, ces deux bonnes vivantes de Québec sont deux madames "X"? Ou alors parce que ces deux spécimens issus de la génération "X" passent au rayon X les tares de notre époque? À vrai dire, ces pistes de réponse sont toutes aussi valables les unes que les autres. "Et surtout, on ne fait pas dans le trois X!" lance Louise qui, d’entrée de jeu, tient à signaler qu’elles ne font pas d’humour en bas de la ceinture. "On fait de l’humour en haut de la brassière!" renchérit Anne.

Plutôt que de s’attarder à la vie de couple, un sujet qui, selon elles, a été exploité de fond en comble au cours des dernières années, Louise et Anne s’acharnent entre autres sur les effets néfastes de la mondialisation et sur les dangers découlant des avancées biotechnologiques. À travers une approche théâtrale misant sur la construction de personnages (la mise en scène est assurée par le comédien Serge Thibodeau), elles incarnent tour à tour un duo d’humoristes masculins, un clown cloné, une fraise ascendant poisson, une mère à la recherche d’une garderie pour sa progéniture et une dame toujours prête à marcher pour une cause. Le rire que suscitera le dévoilement du nouveau guide alimentaire de "Santé Cacanada" risque d’autre part de prendre une teinte plutôt jaunâtre…

"Les thèmes à saveur sociale ont été très populaires en humour dans les années 60 et 70. Dans les années 80, avec les Bye-Bye, on restait aussi très collé à l’actualité. Après, dans les années 90, il y a eu comme un relâchement; on est arrivé avec un humour beaucoup plus léger et avec du stand-up, note Anne. On avait pour notre part envie de revenir à cette formule, c’est-à-dire à des thématiques qui nous préoccupent, des thématiques, disons, plus consistantes."

Bien qu’abordant des sujets brûlants et s’aventurant en terrain parfois glissant, les deux femmes sont loin de faire dans la prise de tête ou dans le prêchi-prêcha. Loufoqueries et délires priment au contraire dans la dizaine de numéros présentés sur scène. Comme quoi on peut aisément badiner sans être insipide. "Beaucoup d’humoristes font dans le gag peu subtil sous prétexte que les gens travaillent toute une journée et que lorsqu’ils arrivent à un spectacle, ils doivent se reposer et ne pas penser, fait remarquer Louise. Voyons donc! Tout le monde peut rire de ce qu’il vit et des difficultés qu’il rencontre."

Le choix de faire un humour qui s’inscrit en marge de la légèreté au goût du jour n’est pas sans implication: "C’est pour cette raison que le chemin qu’on a dû suivre est différent et qu’on a dû relever nos manches et tout faire par nous-mêmes", raconte Anne. Ainsi ont-elles produit ce spectacle de A à Z en s’entourant pour la conception artistique d’une équipe principalement composée de femmes. "Le producteur qui nous trouvera devra accepter tel quel ce que nous faisons et ne devra pas tenter de nous influencer ou de changer notre façon de faire de l’humour."

Du 3 au 5 avril

Au Théâtre du Petit Champlain
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