Maxim Martin : Pas drôles de couple
On l’a connu percutant, punché, tout seul comme un grand devant son micro, avec ses vérités assénées sans gants blancs. Cinq ans plus tard, Maxim Martin revient avec un show hésitant, hybride, mi-théâtre, mi-stand-up, qui dilue ses punchs. Un drôle de spectacle plutôt qu’un spectacle vraiment drôle… Que s’est-il passé?
On l’a connu percutant, punché, tout seul comme un grand devant son micro, avec ses vérités assénées sans gants blancs. Cinq ans plus tard, Maxim Martin revient avec un show hésitant, hybride, mi-théâtre, mi-stand-up, qui dilue ses punchs. Un drôle de spectacle plutôt qu’un spectacle vraiment drôle… Que s’est-il passé?
Il est difficile de comprendre le concept de ce second one man show, mollement théâtral et mal structuré, maladroitement mis en scène par François Flamand. Un spectacle qui se révèle d’ailleurs plutôt un "two men show", l’humoriste y partageant presque toujours la scène avec un jeune chanteur et comédien, Mathieu Gaudreault, qui incarne son ange gardien… mais qui se révèle plutôt son mauvais génie. Avec ses chansonnettes (parfois grivoises), son ton gentillet, celui-ci semble sortir d’un spectacle pour enfants davantage que de l’univers frontal et direct du Maxim Martin qu’on connaît. Le spectacle présenté au Cabaret du Plateau se trouve dilué par cette cohabitation forcée.
On reconnaît parfois à peine Maxim Martin dans ce bizarre mélange de styles. Empêtré dans un drap (il émerge d’un lit), l’humoriste louvoie sans transition d’un thème à l’autre en cherchant son impact dans des numéros assez échevelés et manquant de punch. Certains sujets semblent datés (comme la saga des Expos, franchement hors saison…), d’autres, un peu éculés: les nids-de-poule, les sempiternels hôpitaux, cible devenue facile, le couple, car "l’homme et la femme ne sont pas faits pour vivre ensemble". Sans blague?! On ne comprend pas non plus où il s’en va avec ce numéro étiré sur l’homosexualité.
En seconde partie, Martin se lance dans un constat grinçant de l’état du monde. Il est agréable de voir un humoriste dire quelque chose de signifiant, mais on le croirait parfois plus occupé à dénoncer qu’à faire rigoler dans cette diatribe, truffée de statistiques accablantes sur l’environnement, et qui sonne parfois juste brutal – "la chaise électrique pour les soûlons qui tuent un enfant".
Le nouveau papa nous dit qu’il a changé, qu’il ne parle plus de cul, et s’essaie même à la tendresse, alors qu’il parle à sa fille… Ce n’est pas vraiment qu’il se soit adouci (certaines lignes sont garrochées de façon brute, et certaines phrases sont toujours aussi crues, sauf que maintenant elles semblent parfois gratuites). On dirait plutôt qu’il n’a plus assez confiance en sa manière pour occuper toute la scène, et oser être lui-même. L’artiste a essayé de se renouveler, mais il y a perdu de son essence.
Il y a bien sûr de bons moments dans ce spectacle. On apprécie le stand-up quand il retrouve son mordant pour envoyer quelques directs, par exemple sur la synergie ("Imperial Tobacco a acheté Pharmaprix. Hé que c’est ben faite…") ou les banques.
Hélas, avec ce spectacle hybride et mal dosé, Maxim Martin risque de ne satisfaire personne. Ni ses fans de la première heure, qui l’aimaient en solo, impertinent et surtout pertinent, ni ses détracteurs, qui auront beau jeu de pointer ici ses excès de vulgarité. Souhaitons-lui de revenir à la base, là où il est le meilleur.
Jusqu’au 28 mars
Au Cabaret du Plateau