L’Autre : Corps et âmes
Pigeons International : pourquoi ce nom? "Pour refléter un côté multiculturel, expose PAULA DE VASCONCELOS. Mais les pigeons sont aussi des oiseaux de ville, vivant de ce qu’on leur donne, des miettes de la société. C’est une belle métaphore pour les artistes…"
Depuis la fondation de la compagnie en 1987 par Paula de Vasconcelos et Paul-Antoine Taillefer, l’intérêt de Pigeons International pour le mélange des cultures ne s’est pas démenti. À preuve, son plus récent spectacle: L’Autre regroupe, outre les fondateurs et les concepteurs (Raymond Marius Boucher, Louis Hudon, Jean-Charles Martel, Anne-Marie Veevaete), des interprètes québécois (Daniel Desputeau, Anne Le Beau, Catherine Sénart), un artiste d’origine ukrainienne (Gregory Hlady) et deux danseurs invités, du Portugal (Carla Ribeiro, Bruno Schiappa). Inspiré du roman Le Dieu manchot, du Portugais José Saramago, le spectacle a été conçu, en partie, lors d’un atelier de recherche tenu avec les interprètes au Portugal, pays d’origine de Paula de Vasconcelos.
Venue tout petite au Québec avec ses parents, l’artiste a toujours connu la pluralité des cultures. "Toute ma jeunesse, quand mes parents invitaient leurs amis, c’étaient des amis de tous les coins du monde. Alors moi, c’est dans les univers multiculturels que je me sens chez moi. Parce que c’est ça que je suis: métissée à mort, culturellement parlant."
Outre les cultures, Pigeons International, qui créait, il y a quelques années, Savage/Love, métisse aussi les disciplines. "Paul-Antoine et moi avons tous les deux une formation en théâtre et en danse. C’était vraiment un intérêt commun lors de la fondation. Et puis aussi, de faire un théâtre pas uniquement axé sur les mots, mais un théâtre qui aurait un autre souffle. Et 16 ans plus tard, c’est ça qui nous anime encore: le travail du corps, intégré à un processus théâtral." Que s’apportent, mutuellement, le théâtre et la danse? "Pour moi, le théâtre, c’est l’univers des mots et de la logique. Les mots, c’est cartésien, très précis, alors que la danse, c’est l’univers de l’intuitif, de l’inconscient. Donc l’un est l’envers de l’autre, et ils se marient à la perfection. En mettant les deux ensemble, on essaie de parler au spectateur par les deux tuyaux: le tuyau cérébral, et le tuyau de l’âme."
L’Autre raconte, à partir d’un extrait du roman de Saramago, la rencontre d’une reine avec un ermite. "C’est très beau, explique l’artiste, qui signe conception, mise en scène et chorégraphies. Ils parlent de la vie, de l’homme, de la femme: c’est devenu la métaphore centrale du spectacle. Se sont greffés d’autres personnages, avec leur histoire à eux; ça finit par déborder sur d’autres époques, d’autres cultures, d’autres pays. Et toutes ces histoires parlent de ce thème: l’autre. Ce sont différents parcours de vie qui se confondent, qui se croisent."
L’Autre a été joué en Allemagne, au Portugal et à Vancouver; après Québec, ce sera Ottawa et, peut-être, l’Asie.
Du 3 au 13 avril
À la Caserne Dalhousie
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