Lentement la beauté : Groupe de passion
Pour souligner l’arrivée de trois nouveaux membres au Théâtre Niveau Parking, la compagnie se consacre, depuis mai 2001, à une entreprise qu’elle n’avait pas tentée depuis cinq ans: la création collective.
Marie-Josée Bastien, Hugues Frenette et Véronika Makdissi-Warren ont rejoint, au TNP, Lorraine Côté et Michel Nadeau; ensemble, ils ont créé le spectacle Lentement la beauté. "Nous voulions prendre notre mesure comme équipe de création, explique Michel Nadeau." Les comédiens Pierre-François Legendre et Jack Robitaille se sont joints à eux, ainsi que les concepteurs Monique Dion, Yves Dubois, Denis Guérette et Marie-Chantale Vaillancourt.
Discussions, improvisations, écriture collective d’une nouvelle, canevas et écriture finale par Michel Nadeau qui, assisté d’Anne-Marie Olivier, signe aussi la mise en scène: le travail a bénéficié des expériences et sensibilités de chacun. "J’ai trouvé beaucoup de plaisir à faire cette création; tout le monde travaillait pour le spectacle", se réjouit le directeur artistique du TNP.
Très ouvert au début, le projet s’est rapidement centré sur un thème – "un homme va au théâtre, et est transformé par ce qu’il voit" -, et sur une pièce – Les Trois Soeurs de Tchékhov, "un de mes auteurs préférés", glisse Michel Nadeau. Monsieur L’Homme, 48 ans, personnage principal de Lentement la beauté, "est arrivé, dans sa vie, là où il pouvait arriver". Carrière, famille: tout paraît à peu près fixé; il n’a plus, semble-t-il, qu’à attendre sa retraite… Il assiste, un peu par hasard, à une représentation des Trois Soeurs. Dans le désir obstiné – et qui restera inassouvi – des trois soeurs d’aller à Moscou, ville de toutes les promesses, Monsieur L’Homme se reconnaît. "La pièce met en mots un malaise qu’il ressent et provoque une réflexion, une crise intérieure. Dans l’espace d’un mois, de la première à la dernière de la pièce, naîtra et se résoudra ce malaise." Autour du personnage principal, à la façon d’un choeur de tragédie grecque, sa famille, quelques proches, des inconnus l’aident, sans le savoir, à traverser ce moment de crise.
À un malaise existentiel de cet ordre, l’art peut-il répondre? "Je pense que oui, avance Michel Nadeau. Dans un monde qui semble parfois ne pas avoir de sens, Monsieur L’Homme prend conscience de la beauté: il découvre la beauté autour de lui, dans l’art, mais aussi dans sa vie. Il ne la voyait plus, et la retrouve tout à coup. Ça le remplit, ça donne un sens, un équilibre à sa vie… Cette création est pour nous une sorte d’hommage au théâtre. Parce qu’au-delà du divertissement, je pense que le théâtre a une particularité: il permet de nommer ensemble, dans une salle de spectacle, des choses qui nous préoccupent. Mais on ne tombe pas dessus à tout coup; ça tient toujours un peu du miracle de faire un bon spectacle…"
Jusqu’au 26 avril
Au Théâtre Périscope
Voir calendrier Théâtre
Note: Marie Laliberté tient à spécifier que le chapeau du texte En parcours de route, paru en page 31 du Voir vol. 12 no 12 et portant sur la pièce Au moment de sa disparition, n’est pas d’elle.