La Dame de pique des Grands Ballets Canadiens : Corps atout
JOËLLE HENRY et MARIUSZ OSTROWSKI nous parlent de leur rôle dans La Dame de pique, un ballet néoclassique spécialement créé pour les Grands Ballets Canadiens à l’automne 2001.
Au départ, La Dame de pique était une nouvelle de Pouchkine. En créant son ballet pour la compagnie montréalaise, Kim Brandstrup a choisi de repousser l’action d’un siècle, soit au tournant du XXe siècle. Les décors sont réduits au minimum, au profit des projections vidéo de Jimmy Lakatos, qui n’en est pas à ses premières armes dans l’intégration de la vidéo aux arts de la scène. Composée à l’origine pour l’opéra par Tchaïkovski, la musique a été adaptée et augmentée par Gabriel Thibaudeau.
Hermann est un jeune soldat soviétique qui rêve de prestige et de pouvoir. Vouloir devenir riche est son seul espoir d’y arriver. En apprenant que la vieille comtesse détient le secret du jeu de Faro, il décide de séduire Lisa, sa jeune et romantique dame de compagnie, pour s’approcher de la vieille dame. Son ambition finira par le perdre, mais auparavant, il aura causé une crise cardiaque mortelle à la comtesse et provoqué le suicide de Lisa.
Mariusz Ostrowski tient le rôle d’Hermann. Le jeune danseur, qu’on devine lui-même assez ambitieux, a une certaine sympathie pour son personnage, malgré son égocentrisme. "Je pense qu’il veut seulement survivre. Malheureusement, Lisa se noie dans la rivière à cause de cela. J’aime mon personnage: c’est un homme complexe." Demi-soliste, il est fier de s’être vu confier ce rôle difficile techniquement: "Beaucoup de portés, deux partenaires, fait-il remarquer. Et je suis presque constamment sur scène."
Le personnage de la comtesse est partagé par deux danseuses. L’une joue la vieille comtesse. L’autre prend le relais dans les moments où la vieille dame évoque sa jeunesse. Ainsi, à la première scène, la comtesse revit l’épisode où le mystérieux Saint-Germain lui a révélé la combinaison gagnante du jeu de Faro. "Elle a tout perdu aux cartes, raconte Joëlle Henry, qui tient le rôle de la jeune comtesse. Elle est complètement démunie au moment où elle fait la rencontre de Saint-Germain", dont elle deviendra plus ou moins amoureuse. Plus tard, en assistant à un ballet, la comtesse se rappelle avoir elle-même dansé.
Bien que le rôle de la jeune comtesse soit donc assez bref, il est très exigeant. Joëlle Henry admet qu’elle préfère ce genre de rôle, un personnage avec une histoire, à un rôle abstrait. Amour, rêve, mort, trahison, lutte de classes… La Dame de pique comporte tous les ingrédients d’un ballet classique, mais son style est plutôt néoclassique, explique la danseuse. "Les mouvements sont un peu plus dangereux, tout en restant sur pointes. C’est quand même plus excitant à danser et même à voir."
Notons que dans La Dame de pique, les deux danseurs ne se côtoient jamais puisque leurs personnages vivent à deux époques différentes. Tous les deux se sont joints à la compagnie en 2000. Lui est originaire de Pologne, elle, de France; un bel exemple du multiculturalisme des Grands Ballets Canadiens.
Le 16 avril
Au Grand Théâtre
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