Le Pantin de bois : Mauvais sort
Scène

Le Pantin de bois : Mauvais sort

La compagnie Tenon Mortaise présente à la Salle Fred-Barry deux pièces de théâtre chorégraphique que tout oppose, adaptées de l’oeuvre du compositeur hongrois Béla Bartók. Si la soirée commence sur une bonne note avec un Insaisissable Mandarin prenant et glauque, elle se gâte ensuite avec Le Pantin de bois, une très longue et bavarde parodie de conte de fées aux accents symbolistes, plus soporifique qu’hilarante.

La compagnie Tenon Mortaise présente à la Salle Fred-Barry deux pièces de théâtre chorégraphique que tout oppose, adaptées de l’oeuvre du compositeur hongrois Béla Bartók. Si la soirée commence sur une bonne note avec un Insaisissable Mandarin prenant et glauque, elle se gâte ensuite avec Le
Pantin de bois, une très longue et bavarde parodie de conte de fées aux accents symbolistes, plus soporifique qu’hilarante. Disons que le metteur en scène Denys Lefebvre et son équipe se révèlent plus doués pour susciter la peur que le rire…

Depuis 1992, Denys Lefebvre et Diane Loizelle ont collaboré à l’élaboration d’une quinzaine de créations de théâtre gestuel. En 2001, ils présentaient pour la première fois L’Insaisissable Mandarin, une courte pièce chorégraphique inspirée du Mandarin merveilleux, composé par Béla Bartók en 1918-1919. Il s’agit d’une pantomime en un acte mettant en scène trois voyous et une complice aux moeurs légères, qui attirent des hommes dans une maison close pour les détrousser. Ce drame expressionniste se veut une dénonciation du tumulte, de la violence et de la xénophobie des villes de l’ère industrielle. La version qu’en offrent Diane Loizelle, Martin Choquette, Marc Mauduit et Denys Lefebvre transforme le public en voyeur d’une danse macabre qui se déroule derrière une fenêtre (une jolie scéno de Linda Brunelle). En arrière-plan, des flocons de neige sont projetés sur un écran.

Après avoir attiré sur les lieux deux sans-le-sou, la danseuse réussit à piéger un mandarin, visiblement riche, qui la poursuit de ses ardeurs tandis que les trois truands tentent par tous les moyens de l’assassiner. Couteau, fusil, corde… rien n’y fait, le Chinois n’est pas tuable! Cette machination meurtrière est rythmée d’un bout à l’autre par les furieuses envolées musicales de Bartók. La musique, la danse, le mime et les projections visuelles se marient harmonieusement dans cette première partie.

Le charme se rompt après l’entracte avec Le Pantin de bois, adaptation du Prince de bois, un ballet qui avait connu un succès retentissant à sa création en 1917. Ça s’annonce pourtant rigolo, avec une présentation par deux marionnettes anglophones, Punch et Judy, qui se crêpent le chignon, mais les rires cessent dès que leur castelet disparaît. Un prince (Marc Mauduit) tente alors durant une longue heure de séduire une princesse (Diane Loizelle) et de déjouer la fée qui veille sur elle (Martin Choquette) en se fabriquant une réplique en bois, dont s’amourache immédiatement la belle.

C’est grotesque, mais pas marrant. Heureusement qu’il y a la musique de Bartók pour faire le pont entre les deux parties de ce spectacle qui commence bien mais finit mal, contrairement aux contes de fées…

Jusqu’au 19 avril
À la Salle Fred-Barry