Patrice Dubois et Dany Michaud : Un pas de deux
Scène

Patrice Dubois et Dany Michaud : Un pas de deux

Les comédiens PATRICE DUBOIS et DANY MICHAUD s’unissent pour former une paire théâtrale à la manière des célèbres duos comiques. Créé et joué en couple, Et un et deux! emprunte au cabaret et au music-hall. Rencontre d’un  tandem.

Tous deux pères de famille, trentenaires, mais "pas nécessairement casés", Patrice Dubois et Dany Michaud travaillent ensemble depuis 10 ans au sein de la compagnie Janvier Toupin Théâtre d’Envergure. Ils s’apprêtent pourtant à se rencontrer comme si c’était la première fois dans Et un et deux!, dialogue théâtral qui emprunte au cabaret et au music-hall. Pour vous, mesdames et messieurs, les auteurs, metteurs en scène et interprètes de cette réflexion sur la vie à deux revêtiront leurs plus beaux habits pour jouer la comédie, chanter et danser joue contre joue. Show time!
Ce "vieux" couple artistique formé sur les bancs d’école est fasciné par les rencontres de toutes sortes. Pour cette quatrième création du Janvier Toupin Théâtre d’Envergure, les deux membres fondateurs (avec Marie-Claude Gamache et Marika Lhoumeau) ont voulu revenir à l’essentiel. "Nous nous sommes posé la question: Pourquoi on a eu envie de fonder une compagnie de théâtre? amorce Dany Michaud, tandis que le petit Marius gazouille sur ses genoux. C’était avant tout par désir de travailler et de débattre d’idées ensemble. Nous avons donc décidé de créer un spectacle sur ce que peuvent se dire deux gars de 30 ans, en partant de rien, sinon du désir de se rencontrer."

"Nous nous sommes décollés de notre réalité d’artistes pour imaginer différents types de rencontres, pour trouver des visions d’hommes plus que des visions d’acteurs", complète Patrice Dubois. À partir de ce point de départ, le tandem s’est fait plaisir. Tous deux avaient envie de danser, sans savoir pourquoi; ils ont donc fait appel à la chorégraphe Estelle Clareton, qui a entre autres dirigé Manon Brunelle dans C’est à trente ans que quoi déjà? Et ce n’est pas tout, puisque les deux hommes-orchestres chanteront aussi (Dany Michaud est membre d’un groupe de "western humoristique", Les Frères Sénéchal), en plus de jongler avec les mots.

Pour concevoir ce music-hall nouveau genre, le tandem dit s’être inspiré de célèbres duos comiques, comme Abbott et Costello ou Sol et Gobelet, dont Patrice et Dany ont tenté de découvrir les secrets. "C’est souvent deux rapports de force opposés. Dans les spectacles précédents, nous avons beaucoup travaillé la forme et tenté diverses expérimentations liées au théâtre. Cette fois, nous avions envie de réfléchir à ce qui se passe lorsqu’on se retrouve face à quelqu’un, ou face à 150 personnes." En cours de route, ils ont découvert avec étonnement que leurs idoles étaient des clowns tristes, des êtres pas doués du tout pour le bonheur. "Cela se retrouve aussi dans notre spectacle. Malgré leur entrain, les gars qu’on joue ne sont pas nécessairement les plus heureux du monde…"

Drôles de couples
Ils incarneront tour à tour un couple, des amis, des inconnus, des hétérosexuels, des homosexuels, des bisexuels, des asexuels… et autres choses encore. Tous ces personnages sont nés en salle de répétition, où s’est écrit le spectacle. Au début, les deux amis se sont contentés de discuter assis à la table, un peu comme ils avaient déjà l’habitude de le faire, autour d’un verre. "Mais tout ce dont on parlait une fois la porte du local fermée pouvait être retenu contre nous!" rigole Dany Michaud. Au fil des discussions, ils ont écrit des numéros, répété ensuite chaque semaine devant un invité, choisi pour sa franchise.

Leur travail a fait l’objet de deux séries de représentations en cours d’écriture, l’une à la Maison de la culture du Plateau Mont-Royal, l’autre à la Licorne, ce qui a permis d’ajuster le tir, en tenant compte à la fois des réactions du public et des chamboulements survenus dans la vie de chacun. "On trouve beaucoup de revendications, de questionnements, dans ce spectacle, explique Dany Michaud. Notre réflexion politique et sociale a une portée différente maintenant que les gens sont, dirait-on, plus éveillés à ce qui se passe dans le monde." Pour ce faire, ils utilisent des extraits de publicités, de lignes ouvertes, de documents d’entreprises et autres "textes ridicules qui prennent les gens pour des caves".

Seuls sur scène, Michaud et Dubois seront bien entourés en coulisses. En plus d’Estelle Clareton aux chorégraphies, ils ont recruté Luc Malette, comme conseiller et interprète du personnage du "Tiers", Pascal Robitaille, pour l’environnement sonore, Nadia Bellefeuille aux costumes et à la scénographie et Étienne Boucher-Cazabon aux éclairages. "Notre but, c’est d’avoir la forme la plus pure possible, pour pouvoir ensuite s’éclater à l’intérieur de cette forme hyper clean, américaine, inspirée des variétés."

Les auteurs de ce cabaret burlesque se réjouissent d’avoir rencontré, au fil des ans, de précieux guides. Patrice Dubois ne tarit pas d’éloges envers Daniel Brooks, de la compagnie da da kamera, qui l’a dirigé en 1999 dans la création française du solo Here Lies Henry. Le Torontois entretient un rapport aux mots qui a marqué le comédien.

"Pourquoi certaines personnes ont-elles plus de présence que d’autres? M. Brooks m’a appris à prendre possession de la scène lorsque je grimpe dessus. Je pense qu’il ne faut pas avoir peur des maîtres, même si aujourd’hui les artistes parlent rarement de leurs influences, et qu’on admire surtout les "nature". Il faut s’ouvrir aux influences de créateurs de toutes sortes. C’est ce qui nous permet d’avancer."

Du 29 avril au 24 mai
À La Licorne