La danse house : Nouvelles tendances
Les styles dérivés du hip-hop représentent une importante source d’inspiration pour la danse contemporaine. Parmi ceux-ci, le house fait de plus en plus d’adeptes à Montréal. Un spécialiste de cet art, BRIAN "FOOTWORK" GREEN, y a donné récemment des ateliers. Notre chroniqueur était du nombre.
Avec l’arrivée du printemps et de l’été, notre désir sort de son hibernation pour faire place à l’empire de la chair et des plaisirs qui s’y rattachent. C’est là que la danse endosse son rôle d’entremetteuse et que les plus communicatifs se taillent en général une place de choix. Mais on ne devient pas bon danseur du jour au lendemain. Qu’il s’agisse de tango, de salsa, de swing, de danse africaine ou des différents styles dérivés du hip-hop, il faut s’exercer toute l’année… et ce, durant plusieurs années.
Ce n’est donc pas sur les planches des quelques lieux de diffusion de la danse que cet art du corps est le plus populaire. Car si l’on calcule simplement le degré de fréquentation des boîtes de nuit, par rapport à celui des salles de spectacle, il est clair que l’univers des D.J. l’emporte haut la main sur celui des chorégraphes.
À ce compte, il est bon de ne pas placer dans une classe à part les formes de danse qui naissent du nightlife et de la rue, et dont l’origine est souvent autre que québécoise. Car il est faux de prétendre qu’elles sont en arrêt d’évolution et qu’elles n’offrent aucune avenue créative. Il s’agit, au contraire, d’un laboratoire de recherche dynamique où la nécessité d’un continuel renouvellement sert de moteur à l’innovation. De plus, si cette corne d’abondance n’existait pas, la danse contemporaine serait privée d’une importante source d’inspiration, car elle est grandement influencée en ce moment par tous ces styles que plusieurs considèrent encore comme périphériques. En outre, je crois qu’il est désormais préférable – si ce n’est déjà fait – de revoir ces influences, non comme étant simplement exotiques, mais comme partie prenante de notre culture qui compte désormais un nombre important de Néo-Québécois.
Ce qui envoûte d’ailleurs présentement une majorité des enfants, des ados et des jeunes adultes de notre communauté culturelle élargie, c’est toute la culture hip-hop, d’origine afro-américaine. Parmi les techniques qui en font partie, nous retrouvons une danse qui, en plus du breakdance, fait de plus en plus d’adeptes à Montréal: le house. Celui-ci a fait son apparition vers le milieu des années 70, dans les boîtes de nuit de New York, où il portait le nom de "jacking", et dans celles de Chicago, où on le dénommait "clubbing".
Les 17, 18 et 19 avril derniers, nous avons eu la chance d’avoir la visite à Montréal d’un spécialiste en la matière: Brian "Footwork" Green. Ce formateur originaire des ghettos blacks de New York a offert, dans les studios de l’ADMMI, des ateliers de danse house auxquels j’ai eu la chance de participer. Parmi les participants, on pouvait remarquer, entre autres, certains membres de la formation de breakers féminines Solid State – qu’on a pu voir performer récemment à Tangente – et quelques vétérans du nightlife montréalais.
Brian Green a commencé à danser vers l’âge de cinq ans, alors que sa mère lui enseignait différentes danses africaines. Il a ensuite été initié au tap et au jazz, auprès de professeurs tels Phil Black, Maurice Hines et Honi Coles. Puis il a reçu une formation en moderne et en ballet à l’Alvin Ailey American Dance Centre et au Geoffrey’s Ballet.
Mais la plus importante leçon, il l’a reçue de son grand frère, lors d’une confrontation à l’école secondaire, où les deux ont dû se mesurer l’un à l’autre au cours d’une improvisation devant leurs pairs. Son frère, qui possédait une plus grande expérience de la rue, a su improviser toute une chanson sans ennuyer l’assistance. Alors que Brian, malgré toute la technique qu’il possédait, n’a pas tenu le coup avec ses pirouettes. Il a compris à ce moment que ça prenait plus que le simple fait de savoir faire des mouvements pour intéresser un public. Il fallait les faire vivre en leur donnant une personnalité, un flow et une raison d’être.
C’est d’ailleurs cette vibe et toute la raison d’être du hip-hop que ce "maître ès house" nous a enseignées lors de ce stage qui fut des plus enrichissants. "Le plus important, quel que soit le style de danse que vous pratiquez, nous a-t-il expliqué, c’est de le remplir de ce que vous êtes. Sinon, ça reste vide et ça ne révèle rien. Et comme la danse est un moyen d’entrer en communication avec l’autre, que ce soit dans une boîte de nuit, dans la rue ou sur scène, quand ça ne révèle rien, c’est inintéressant."