L'Alchimiste : La belle histoire
Scène

L’Alchimiste : La belle histoire

Le metteur en scène Guillermo de Andrea aurait-il fait un pas en direction de sa "Légende Personnelle" en adaptant pour la scène le célèbre conte L’Alchimiste de Paulo  Coelho?

Le metteur en scène Guillermo de Andrea aurait-il fait un pas en direction de sa "Légende Personnelle" en adaptant pour la scène le célèbre conte L’Alchimiste de Paulo Coelho? Une chose est sûre, la prose du phénoménal auteur brésilien, dont près de 43 millions de livres ont trouvé preneur dans 140 pays, a visiblement inspiré le directeur artistique du Rideau Vert, qui signe avec Serge Turgeon une adaptation réussie de ce très beau roman. Un peu comme l’alchimiste qui transforme le vil métal en or, les deux hommes de théâtre ont fait jaillir du papier une oeuvre de chair et de sang, portée entre autres par le solide Guillaume Champoux dans le rôle du brave berger andalou.

La quête spirituelle de Santiago telle que mise en scène par de Andrea épouse la simplicité de l’oeuvre originale. Les lecteurs reconnaîtront les personnages centraux de cette aventure ainsi que l’atmosphère envoûtante des contrées que traverse le jeune homme. C’est donc un Alchimiste rassurant, confortable, conventionnel, diront certains, très près du roman, qui nous est présenté.

Sur trois heures (avec entracte), la pièce comporte des longueurs et son tempo gagnerait à être accéléré, notamment lors des discussions philosophiques. Heureusement, on trouve aussi plusieurs scènes captivantes, par exemple lors de l’arrivée de Santiago à Tanger. Les souks, les prières et l’étrangeté de la ville sont rendus avec une économie de moyens impressionnante. Il faut dire que les deux musiciens juchés au fond de la salle, Bruno Paquet et Shawn Mativetsky, font mille et une merveilles de leurs 10 doigts…

Ce voyage qui mènera le jeune homme à la réalisation de ses rêves – ou l’accomplissement de sa Légende Personnelle, comme l’écrit Coelho – débute par un songe intrigant au sujet d’un trésor enfoui près des pyramides d’Égypte, qui le pousse à consulter une gitane (Bénédicte Décarie). Dérouté par l’interprétation de la vieille dame, il s’assied sur un banc, où il lie connaissance avec le roi de Salem (Jean-Louis Roux), qui l’encourage à partir pour l’Égypte. Commence alors un voyage initiatique au cours duquel Santiago fera des rencontres qui changeront sa vie, dont celle d’un sage alchimiste (Pierre Chagnon).

Dans le rôle du berger, Guillaume Champoux (vu dans le rôle-titre d’Oreste cet hiver) est fougueux, fragile et charmant. Il est épaulé par une distribution inégale, comptant parmi ses meilleurs atouts Jean-Louis Roux, qui interprète aussi un chef de caravane enturbanné, Jean Harvey, en chamelier, ainsi que Peter Farbridge, un Anglais à l’accent crédible.

Fait rare au Rideau Vert, le public entoure la scène des deux côtés, grâce à l’ajout de gradins en miroir à l’arrière de celle-ci. Cette surface circulaire et dépouillée est surplombée d’une toile qui prend diverses formes et tombe même du ciel pour se transformer en caravane. Un décor ingénieux d’Yvan Gaudin, qui rapproche les comédiens du public. Les costumes sont signés François Barbeau, tandis que Michel Beaulieu se charge d’éclairer le chemin de Santiago.

Bien sûr, cet Alchimiste risque de déplaire aux esprits rationnels, allergiques aux envolées métaphysiques de l’auteur sud-américain, mais il connaîtra en contrepartie du succès auprès de ceux qui aiment se faire raconter de belles histoires qui finissent bien. Mektoub, comme dirait le marchand de cristaux…

Jusqu’au 24 mai
Au Théâtre du Rideau Vert