Mylène Roy : Réalité show
Au quatrième étage d’un édifice dissimulé à quelques détours de l’avenue du Parc, dans un petit quartier industriel introuvable en taxi, Mylène Roy répète son prochain one woman show en compagnie du metteur en scène australien Mark Bromilow. Sept ans après le très acclamé solo Une cloche à vache suspendue à mon âme, la fantasque communicatrice a visiblement hâte de remonter sur scène pour partager, à travers une série de vignettes, une intime conviction: La réalité n’est pas en face.
Au quatrième étage d’un édifice dissimulé à quelques détours de l’avenue du Parc, dans un petit quartier industriel introuvable en taxi, Mylène Roy répète son prochain one woman show en compagnie du metteur en scène australien Mark Bromilow. Sept ans après le très acclamé solo Une cloche à vache suspendue à mon âme, la fantasque communicatrice a visiblement hâte de remonter sur scène pour partager, à travers une série de vignettes, une intime conviction: La réalité n’est pas en face.
Ce n’est pas d’hier que cette artiste et journaliste hyper-chaleureuse traque les mystères de la vie. Enfant, Mylène éprouvait déjà des impressions d’irréalité, confie-t-elle d’entrée de jeu. "Ce qui fait que j’ai eu de la difficulté à composer avec le monde matériel, le quotidien, ayant toujours un orteil dans le Mystère." Puis un jour, c’est le clash, la réalité qu’elle s’est construite vole en éclats. "J’ai eu comme une peine d’amour, mais c’était une peine de foi, de ma foi de petite fille. Cela m’a menée vers quelque chose de plus païen, qui permet à mon humanité de vibrer différemment."
Alors que dans Une cloche à vache…, Mylène Roy se penchait sur la dichotomie entre le corps et l’esprit, cette fois elle s’interroge sur notre rapport à la vie et à la mort. "C’est un méchant défi de savoir que l’on va mourir. Comment s’intéresser à quelque chose dont tu connais le dénouement? À partir de cette angoisse-là, on se construit toutes sortes de réalités, pour s’expliquer le Mystère, un peu comme on imaginait, enfant, un monstre sous le lit. Sauf que maintenant, le Mystère n’est plus juste sous le lit, mais partout."
Au lendemain de la création de son premier spectacle solo – après huit ans au sein de la compagnie Voxtrot -, la performeuse a vécu des jours sombres. "Tout s’est effondré. J’étais sur les ruines de moi-même. Ce show, c’était le centre de ma vie, j’y travaillais depuis 10 ans. C’était mon petit Everest personnel. Mais une fois arrivée en haut de la montagne, je me suis rendu compte qu’il y en avait une autre à gravir, et c’est pour cela que j’ai délaissé la scène." Elle part alors en voyage, visitant l’Australie et la Nouvelle-Zélande, puis revient à Montréal avec un amoureux dans ses bagages.
Formée en mime corporel à Paris par Étienne Decroux, Mylène Roy n’a jamais cessé de considérer son corps comme un "véhicule d’exploration privilégié", même si elle l’utilise aujourd’hui de manière plus zen, moins compulsive. "Cette fois, la gestuelle est plus simple, organique, intégrée. La facture du spectacle est assez dépouillée, même si mon texte est foisonnant sur le plan des idées." Elle s’est entourée de la même équipe qu’il y a sept ans: le metteur en scène Mark Bromilow, un Australien qui a vécu au Québec et qui "a le talent de la simplicité", son amie percussionniste Charmaine Leblanc, qui se produira live, et le scénographe Louis Beaudoin, bien décidé à tapisser leur petit espace d’une forêt de souches. Apportez vos coussins!
Friande d’autofiction, Mylène Roy affirme avoir tout de même une certaine pudeur. "Je ne parle que de ce qui est digéré, ce dont je suis capable de rire. Même si ça prend du temps! Je trouve ça formidable que mon rythme de création soit accepté. Je suis avant tout une communicatrice; des fois je fais des spectacles, des fois je fais des chroniques. Je considère cela plus comme une extension de moi qu’un métier." Et si elle préfère explorer les territoires intimes, cela ne l’empêche pas de décrocher quelques flèches en direction de ceux qui, en ces temps de guerre, croient détenir le monopole de la réalité…
Un mot revient à plusieurs reprises dans la bouche de cette verbomotrice: simplicité. "Pour moi, la simplicité, c’est de me sentir, comme tout être humain, à la fois merveilleuse et pathétique. Je suis étonnée par toutes les couleurs qui doivent cohabiter à l’intérieur des gens, du plus sombre au plus rosé. C’est touchant! Dans le spectacle, je me décris comme une naïve profonde. Et la naïveté, ça peut être très subversif…"
Du 7 au 25 mai
Au Hors-Bord