Parade sauvage – Entrevue avec Carmen Jolin : Chants d'honneur
Scène

Parade sauvage – Entrevue avec Carmen Jolin : Chants d’honneur

"J’ai seul la clef de cette parade sauvage", écrit Rimbaud dans les Illuminations. Cette clef, CARMEN JOLIN l’emprunte et, par un récital alliant poésie, musique et théâtre, ouvre pour nous le monde de quelques poètes.

Sous la direction de Téo Spychalski, Carmen Jolin présente Parade sauvage. Accompagnée des musiciens Michel Héroux, Réal Léveillé, Zack Lober, elle chante les mots d’Akhmatova, Baudelaire, Garneau, Godin, Neruda, Plath, Racine, Rilke, Rimbaud, Tsvetaieva, sur des musiques qu’elle a, pour la plupart, composées.

"Parade, c’est le défilé de tous les poètes, explique l’interprète; sauvage, c’est parce qu’il y a dans mon spectacle une partie brute, une couleur fauve. La formule de Rimbaud, c’est un peu la démarche du spectacle: trouver la clef pour chacun des textes, révéler le secret de son amalgame."

Chaque poème, choisi par "amour du texte", "est traité comme un petit tableau, dans l’interprétation et le style musical, choisis pour éclairer le texte. On a aussi placé des éléments – déplacements, éléments de costume, éclairages -, pour donner à chaque morceau un contexte spécifique, et permettre un accès plus direct au propos de chaque chanson".

Portant des textes aux images denses, Parade sauvage exige une certaine concentration, mais promet au spectateur intensité, profondeur et découvertes. "C’est un spectacle exigeant, mais ce n’est pas aride. Un poème chanté n’est pas comme une chanson de tous les jours; la poésie, ce sont des mots secrètement liés, des images. Des fois l’accès n’est pas immédiat; mais le travail qui a été fait aide beaucoup à en communiquer au moins quelque chose. Les mots entrent et nous remplissent; ça fait du bien d’entendre ces mots-là qu’on n’entend pas souvent, de se faire nettoyer les oreilles par d’autres combinaisons d’images."

Ce spectacle, "premier travail que j’ai amorcé avec le Groupe de La Veillée", l’artiste le porte depuis près de 20 ans. "C’est un spectacle que nous avons présenté plusieurs fois, dans des versions différentes. Chaque fois, je constate que ça ne s’use pas; au contraire, ça s’approfondit. De prononcer tout ça, ça laisse des traces en moi, des images bien installées, comme des points de chaleur présents à l’intérieur. Quand je refais le spectacle, c’est tout proche: c’est un territoire qui a été tellement bien labouré."

Avec Parade sauvage, Carmen Jolin espère livrer ce qui la touche dans la poésie: la révélation. "Les poètes sont des gens très concentrés, qui attrapent des veines de la vie, qui les creusent tellement qu’ils font apparaître des images et ouvrent des nouveaux sens aux choses. La poésie, c’est comme un liquide très concentré; tu ne peux pas le prendre à grandes doses, mais si tu t’y investis, c’est comme de l’énergie pure."

Les 8,9 et 10 mai

Au Théâtre de la Bordée
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