Chekhov Longs… In the Ravine : La face cachée de Tchekhov
Scène

Chekhov Longs… In the Ravine : La face cachée de Tchekhov

En 2004, on soulignera à travers le monde le centenaire de la mort d’Anton Pavlovitch Tchekhov. Et la grande humanité de son théâtre suscitera sans doute une pléthore de productions de ses chefs-d’oeuvre. Mais avant cette date historique, le Festival de théâtre des Amériques nous propose un spectacle adapté non pas d’une pièce mais d’une nouvelle de l’auteur russe, Dans le ravin, écrite en 1899, soit entre la création des Trois Soeurs et celle d’Oncle  Vania.

En 2004, on soulignera à travers le monde le centenaire de la mort d’Anton Pavlovitch Tchekhov. Et la grande humanité de son théâtre suscitera sans doute une pléthore de productions de ses chefs-d’oeuvre. Mais avant cette date historique, le Festival de théâtre des Amériques nous propose un spectacle adapté non pas d’une pièce mais d’une nouvelle de l’auteur russe, Dans le ravin, écrite en 1899, soit entre la création des Trois Soeurs et celle d’Oncle Vania.

Créé en février 2002 au Factory Theatre à Toronto, Chekhov Longs… In the Ravine a été présenté il y a un an au Carrefour international de théâtre de Québec. Le spectacle mis en scène par Dean Gilmour et Michele Smith s’est attiré d’élogieuses critiques dans les deux villes. Le quotidien The Globe and Mail parlait même d’une des créations les plus réussies des dernières années dans la Ville reine. Un succès qui arrive à point nommé pour le couple Gilmour et Smith. Ceux-ci ont fondé leur propre compagnie en 1980, après s’être rencontrés en France dans les classes du célèbre maître du théâtre corporel Jacques Lecoq, et ont depuis signé une trentaine de spectacles.

Le territoire de cette compagnie de recherche et de création, c’est la littérature. Mais les directeurs puisent dans des sources littéraires aussi diverses que la Bible, Dante et Passolini. En 1998, Dean Gilmour et Michele Smith abordaient pour une rare fois une pièce plus traditionnelle, La Cerisaie. C’est en travaillant ce texte qu’ils ont eu l’idée d’explorer les nouvelles de Tchekhov et qu’ils décidèrent d’explorer les profondeurs de l’oeuvre, d’abord avec Chekhov Shorts, un spectacle qui a reçu trois prix Dora, puis Chekhov Longs… In the Ravine, deuxième partie d’une trilogie qui s’achèvera plus tard avec Ward Six, une autre adaptation d’une nouvelle de Tchekhov intitulée Asile no 6.

Récit édifiant de la Russie des laissés pour compte et des paysans d’avant la révolution bolchevique, Chekhov Longs… est l’aboutissement d’un long processus de travail sur le théâtre de la commedia dell’arte et l’art du clown. "Longtemps, on a cru au Canada anglais que Tchekhov devait rimer avec lenteur et mélancolie, explique Dean Gilmour, en entrevue téléphonique de Toronto. Or, il ne faut pas le jouer de façon sombre et monotone. Il y a toujours de la légèreté dans l’oeuvre de cet auteur. Tchekhov est le grand-père du théâtre moderne. Il a ouvert la voie au mouvement absurde et à des dramaturges comme Beckett et Ionesco. Nous croyons qu’en le jouant avec légèreté, nous faisons finalement ressortir toute la gravité de l’oeuvre."

Pour le metteur en scène, on peut se mesurer à Tchekhov pendant toute une vie, tant son oeuvre est riche. "Nous abordons son oeuvre avec beaucoup d’humilité. Nous ne partons pas du texte comme tel mais des images qu’il nous inspire. Dans le ravin est une histoire longue et complexe. Nous l’avons simplifiée au maximum." Les nombreux personnages de cette adaptation sont incarnés par seulement cinq interprètes (outre Gilmour et Smith, la distribution compte aussi Anne-Marie Kerr, Michelle Latimer et Michelle Monteith), le décor est très dépouillé, constitué de quelques accessoires. La force de la représentation réside donc dans le jeu des acteurs.

Grâce à son approche comique et clownesque, le spectacle, joué en anglais et sans surtitres, sera donc très physique et imagé. Ce qui tranche avec les mises en scène plus classiques de l’auteur russe. Avec un théâtre sombre, léger et audacieux, la compagnie Smith-Gilmour participe, à l’instar de Daniel Brooks et de Daniel MacIvor, à un travail de recherche scénique des plus intéressants en provenance de Toronto.

Du 27 au 30 mai
Au Théâtre d’Aujourd’hui