La réalité n'est pas en face : Au-delà du réel
Scène

La réalité n’est pas en face : Au-delà du réel

Le derrière posé à la dure sur les rondins et bûches de bois qui font office de sièges, le public entassé au petit Hors-Bord est peut-être inconfortable, mais ce n’est rien face à la position périlleuse que s’y est réservée Mylène Roy. L’artiste-communicatrice joue sur la corde raide de l’intimité dans son solo existentiel et ludique, simple et poétique, personnel et embrassant des questions universelles. Qui l’aime la suive.

Le derrière posé à la dure sur les rondins et bûches de bois qui font office de sièges, le public entassé au petit Hors-Bord est peut-être inconfortable, mais ce n’est rien face à la position périlleuse que s’y est réservée Mylène Roy. L’artiste-communicatrice joue sur la corde raide de l’intimité dans son solo existentiel et ludique, simple et poétique, personnel et embrassant des questions universelles. Qui l’aime la suive.

À partir du thème de la réalité – celle que les réalistes la somment de regarder en face ou dont on la menace qu’elle va finir par la rattraper -, elle retrace le parcours chaotique d’une petite fille confrontée au Mystère de la vie, du monde et de la mort, qui s’interroge sur sa place dans l’univers, bien trop grand pour elle. Spectacle impressionniste proche de la performance, mais où Mylène Roy s’adresse parfois directement au public, La réalité n’est pas en face reprend un peu là où son jouissif premier one woman show, Une cloche à vache suspendue à mon âme, nous avait laissés il y a sept ans. Cette nouvelle création raconte notamment la "peine d’amour-propre", la "dépréciation nerveuse" qui a suivi, et son chemin pour s’en sortir, malgré tous les conseils inutiles assénés par des guides bien intentionnés.

Mais Mylène Roy sait que la meilleure thérapie contre les assauts du réel, c’est encore une douce autodérision. Avec beaucoup d’humour et son regard singulier sur… la réalité, la candide performeuse joue joliment avec les mots, dans un registre parfois proche de l’absurde, saute d’un thème à l’autre, danse rituellement entre les monologues, et fait dialoguer, pour illustrer un échange pétri de culpabilité entre l’Occidentale nantie et le défavorisé du Tiers Monde, un pied douillettement botté et un autre pauvrement recouvert d’une espadrille trouée!

Elle laisse aussi parler son corps agile, un corps peut-être moins exubérant qu’avant mais tout aussi présent et éloquent. Sa complice de Voxtrot, Charmaine LeBlanc, l’accompagne pas à pas en chantant ou en sculptant de délicieuses ambiances sonores, à l’aide des accessoires qui parsèment l’environnement organique: scies, pots à fleurs…

La réalité n’est peut-être pas en face, mais Mylène Roy est bien là devant nous, avec sa vulnérabilité attendrissante, son originalité rafraîchissante, sa naïveté, son énergie. Entière et réelle. Unique, quoi.

Jusqu’au 25 mai
Au Hors-Bord