Adieu Beauté(La comédie des horreurs) : La belle et le bête
Scène

Adieu Beauté(La comédie des horreurs) : La belle et le bête

Pour les personnages d’Adieu Beauté (La comédie des horreurs), l’important n’est que trop visible pour les yeux. Créée au Théâtre La Moluque à Carleton durant l’été 1998 et récompensée du Masque de la meilleure production Régions, cette satire peu subtile de François Archambault est présentée pour la première fois à Montréal grâce aux efforts du Théâtre Layeur Mayeur.

Pour les personnages d’Adieu Beauté (La comédie des horreurs), l’important n’est que trop visible pour les yeux. Créée au Théâtre La Moluque à Carleton durant l’été 1998 et récompensée du Masque de la meilleure production Régions, cette satire peu subtile de François Archambault est présentée pour la première fois à Montréal grâce aux efforts du Théâtre Layeur Mayeur. Avis aux sadiques: dans le sous-sol du Théâtre Prospero, deux terroristes du Front international de libération des personnes esthétiquement défavorisées (le FILPED) torturent joyeusement Miss Laval, sous l’oeil amusé du public… Ce conte de fées pour adultes avertis débute par le prologue d’un crapaud (Loïc David), qui en a long à dire sur notre obsession de la beauté.

Apparaît ensuite un couple mal assorti, l’autoritaire et repoussante Jolicoeur (Jennifer Johnston) et le trouillard Champoux (David Buyle), fondateurs et seuls membres du FILPED. Dans le but de venger les laiderons de ce monde, ils kidnappent la reine de beauté de l’île Jésus (Karine Ricard, vue dans Le Nid de l’aigle de la compagnie Ondinok et Andromaque, jouée à L’X) et entreprennent de lui arranger le portrait à leur manière, encouragés par son vil gérant (Loïc David). Mais les choses se corsent lorsque Champoux s’éprend de la captive. Osera-t-il charcuter son beau p’tit body?

Adieu Beauté n’a pas le mordant des meilleures oeuvres d’Archambault – La Société des loisirs, Cul sec, Les Gagnants – mais contient tout de même quelques répliques féroces. Avec un sourire en coin, le dramaturge dénonce l’hypocrisie de ceux qui se scandalisent de l’importance accordée à la beauté, mais ne rêvent que d’une chose, à l’instar de Jolicoeur et Champoux, c’est qu’un jour quelqu’un, quelque part, décrète que "ce qui est beau, c’est d’être pas beau". Pour se pavaner à leur tour.

Les comédiens David Buyle et Karine Ricard se révèlent particulièrement doués pour la comédie, lui sous la tuque d’un simplet au grand coeur, elle dans la robe de soirée de la belle et très Lavalloise Hélène, capable de danser la claquette en récitant une fable de La Fontaine! Des performances prometteuses. La mise en scène plutôt convenue de François Cormier gagnerait à être resserrée, de manière à accélérer le rythme de cette prise d’otage qui s’étire sur deux heures trente, entracte compris.

Malgré plusieurs longueurs, cette amusante incursion dans le bunker du FILPED est tout indiquée pour les sympathisants de la cause désireux de goûter en primeur aux plaisirs du théâtre d’été…

Jusqu’au 24 mai
À la Salle intime du Théâtre Prospero
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