Purifiés : Extrême-onction
Scène

Purifiés : Extrême-onction

Une femme qui veut changer de sexe par amour pour son frère mort d’une overdose, des amputations, un médecin tortionnaire… Pas de doute, Purifiés (Cleansed) est bien une pièce de Sarah Kane, la sulfureuse auteure britannique que les Montréalais ont appris à connaître depuis un an, avec En manque et  Blasted.

Une femme qui veut changer de sexe par amour pour son frère mort d’une overdose, des amputations, un médecin tortionnaire… Pas de doute, Purifiés (Cleansed) est bien une pièce de Sarah Kane, la sulfureuse auteure britannique que les Montréalais ont appris à connaître depuis un an, avec En manque et Blasted. Portant, sous les atrocités, l’extrême quête d’amour de la dramaturge qui s’est suicidée en 1999, sa troisième pièce sera présentée au Festival de théâtre des Amériques, sous la griffe du Polonais Krzysztof Warlikowski.

Ouvrant dans plusieurs pays européens, le metteur en scène de 40 ans a appris au contact des grands: il a été l’assistant de Peter Brook il y a 10 ans sur Impressions de Pelleas; et, l’année suivante, a adapté À la recherche du temps perdu au réputé Piccolo Teatro sous la supervision de Giorgio Strehler. En 2001, il a présenté au Festival d’Avignon un Hamlet qui se révéla "l’un des spectacles les plus stimulants de l’été" (dixit Le Monde). Il est revenu dans la ville des papes un an plus tard, cette fois avec Purifiés, un spectacle "encore un cran au-dessus", selon le prestigieux quotidien.

Warlikowski est issu de la génération de l’après-communisme. "Dans les années 80, le théâtre marchait bien en Pologne: c’était, avec l’Église, l’une des façons d’oublier le système politique", expliquait dans un français impeccable (il a étudié à la Sorbonne) le metteur en scène lors de son passage à Montréal cet hiver. "Ma génération est arrivée au théâtre alors que c’était vide. On partait de zéro, il fallait trouver un nouveau chemin. On a fait venir les jeunes au théâtre avec la question identitaire, la recherche d’une nouvelle identité polonaise. La nouvelle réalité a besoin d’un nouveau théâtre, d’une génération comme la nôtre, beaucoup plus européenne, qui fait les ponts vers l’Europe. Autrefois, le théâtre polonais offrait du rêve au public, lui faisait oublier sa moche réalité. Aujourd’hui, on lui montre une réalité lourde, on fait partie du présent. On est arrivé à une représentation beaucoup plus juste de cette nation."

Et pour Warlikowski, l’oeuvre de Sarah Kane, bien que "très enracinée dans le passé", parle de la société contemporaine. Coproduit par trois théâtres, Purifiés a fait du bruit dans la patrie de Kantor, et débordé du champ théâtral. "C’est devenu tout de suite un événement social, on parlait de jusqu’où l’art pouvait aller; il y a eu une polémique où l’on se prononçait pour ou contre l’oeuvre. Ça nous a beaucoup aidés…"

Purifiés secouera-t-il le paisible milieu culturel montréalais?

Du 29 mai au 1er juin
À l’Usine C