Matador y Torero : Perdus dans l'espace
Scène

Matador y Torero : Perdus dans l’espace

Matador y Torero , la septième chorégraphie de Nancy Leduc, ne remplit hélas pas ses promesses. En revanche, la seconde partie de ce doublé à Tangente, L’intranquillité, une oeuvre improvisée dirigée par Michel F. Côté, est pleine de surprises…

Tangente présente depuis la semaine dernière, et pour cette semaine encore, la pièce Matador y Torero de Nancy Leduc, suivie en deuxième partie de L’intranquillité, une oeuvre conceptuelle d’influence dadaïste dirigée par Michel F. Côté. S’il y a un point positif majeur à retenir de la dernière production de la jeune chorégraphe, c’est la présence de deux phénomènes qu’on a peu l’habitude de voir sur la scène montréalaise de la danse: un mec bedonnant qui assume sa corporéité avec brio et Anne Le Beau qui déconne merveilleusement.

Mais, malgré ces deux éléments dans l’oeuvre de Leduc, ainsi qu’une somptueuse et remarquable scénographie, des éclairages judicieusement disposés et une ambiance musicale adroitement composée, elle ne va pas là où toute cette mise en place pourrait la mener. Au contraire, le jeu des interprètes se trouve malheureusement souvent perdu parmi tous ces éléments. On peut donc avoir l’impression, par moments, que le potentiel résultant de cette combinaison n’est pas utilisé au maximum. Ce qui donne droit, par exemple, à de longs moments de remplissage inefficace où les deux interprètes dérivent sur scène dans une gestuelle qui ne va nulle part.

Alors, même si parfois nous pouvons assister à quelques portés d’une intéressante authenticité et à certaines petites scènes rigolotes ou passionnées, cette septième production de Nancy Leduc ressemble étrangement à une redite moins accomplie de la thématique passionnelle sous-jacente à Ces Enfants terribles (1998) qui reste, selon moi, jusqu’ici, la meilleure des cinq créations que j’ai pu voir d’elle.

Simplicité volontaire
D’un autre côté, la deuxième partie de la soirée est venue nous prouver qu’il était possible de créer des univers intéressants avec peu de moyens: quelques objets, cinq personnes, un éclairage unique, une petite musique cacophonique et de l’imagination.

Michel F. Côté tenait son chronomètre d’une main et a frappé de l’autre, à l’aide d’un maillet, sur un filtre à café déposé à l’envers sur le plancher. L’improvisation venait de débuter. À tour de rôle, en solo ou à plusieurs, on a pu voir les interprètes et la chorégraphe de la pièce précédente, ainsi que Michel F. Côté et son invité spécial (Manuel Roque, le soir de la première), inventer à mesure un spectacle capable de nous surprendre: pas de canevas établi, alors tout était possible, même les accidents farfelus, comme lorsque Nancy Leduc s’est fait coller une gomme dans les cheveux par son compagnon de scène. Ils ont eu la brillante idée de revenir, un peu plus tard, développer davantage à partir de cet incident.

Soulignons également la présence magnifique du comédien Martin Fortier et de Michel F. Côté, deux pince-sans-rire pour qui l’absurde et la création spontanée n’ont pas de secret. Des talents qui ont donné naissance à quelques solos inusités de Fortier et à certains duos savoureux de Côté et Le Beau.

L’aspect brouillon de ce spectacle en fait sa force. Car c’est à travers celui-ci qu’on voit apparaître la vraie nature des interprètes. J’aurais bien aimé pouvoir être présent aux huit représentations, simplement pour voir la progression du jeu. Rafraîchissant!

Jusqu’au 1er juin

À Tangente

À surveiller
La Grande Rencontre
À l’occasion de son 11e anniversaire, la Société pour la promotion de la danse traditionnelle québécoise (SPDTQ) vous convie, du 29 mai au 1er juin, à La Grande Rencontre: quatre jours de festivités qui se dérouleront au Zest, situé au 4200, Ontario Est. Comme il s’agit d’un festival alliant musique et danse, une programmation diversifiée sera établie pour votre plus grand plaisir.

Vous pourrez donc venir écouter La Volée d’Castor, Le Rêve du Diable, Le Vent du Nord, L’Orchestre Messervier, McDades (Alberta), le duo Sandy Silva, Laura Risk (États-Unis), Jean Hewson et Christina Smith (Terre-Neuve), Pierre Schryer (Ontario) et Samantha Moffat (États-Unis). Mais aussi, il vous sera possible de vous laisser bercer par les paroles du conteur Fred Pellerin ou d’être dirigés de voix de maître par les câlleurs Érick Tarte, Benoît Bourque et Pierre Chartrand, lors des nombreuses Veillées de danse.

Au troisième jour (dimanche), quand vos pieds auront besoin d’un moment de répit, vous n’aurez qu’à vous asseoir et regarder le travail chorégraphique de Zone Gigue, à mi-chemin entre danse traditionnelle et danse contemporaine…

Festival Fringe
La 13e présentation du Festival St-Ambroise Fringe de Montréal se déroulera du 12 au 22 juin. La danse sera une fois de plus au rendez-vous. Les laissez-passer or (six spectacles pour 40 $) et platine (10 pour 65 $) sont disponibles dès maintenant au (514) 849-3378. Nous couvrirons plus amplement l’événement au cours des prochaines semaines. Suivez-nous!