Festival Fringe : Plonger dans la marge
Scène

Festival Fringe : Plonger dans la marge

Une fois le FTA terminé, au tour du délirant Festival Fringe de prendre la relève auprès des amateurs de théâtre à la recherche de sensations fortes. Au programme de cette célébration de la marge, plus de 80 spectacles d’ici et  d’ailleurs.

Tremblez, chastes spectateurs, le Festival Fringe est de retour pour une treizième édition qui donne des sueurs dans le dos, avec son lot de spectacles sanglants, grivois ou déments, souvent offerts en petite tenue! "Bienvenue dans notre cauchemar!" préviennent joyeusement les organisateurs de cette fiesta bizarroïde, Jeremy Hechtman et Patrick Goddard, qui ont programmé 81 shows d’ici et d’ailleurs, "tous plus épouvantables et grand-guignolesques les uns que les autres", dont le quart sont présentés dans la langue de Bernard Émond (non, ce n’est pas le serbo-croate!). Un record.

Les comédiens et danseurs sélectionnés (lors d’un tirage au sort, rappelons-le, puisque la programmation est établie à partir de la seule règle du "premier pigé, premier choisi") se produiront d’ici le 22 juin dans dix salles du Plateau, soit trois de plus que l’an dernier. Les trois quarts des billets sont disponibles en pré-vente (au 849-FEST ou à la billetterie du Parc des Amériques), tandis que le reste pourra être acheté à l’entrée des salles. Le prix des billets n’excède jamais neuf dollars (en moyenne, on en débourse sept) et les représentations ne s’éternisent pas: une heure et demie, maximum. Beau, bon, pas cher; que demander de plus?

Parmi la vingtaine de compagnies francophones recrutées, quelques-unes proposent des pièces de répertoire, créations ou performances particulièrement intrigantes, dans la petite et la grande salle du Théâtre d’Aujourd’hui. Ainsi, le cabaret Comment faire fuir les requins et les kangourous s’adresse à un public à l’imaginaire débridé, comme en témoigne cette question posée dans le programme du Festival: "Pouvez-vous imaginer qu’un neurotransmetteur anal puisse sauver le monde; ou encore, de rencontrer la Princesse Lea dans les toilettes du Sona?" Cette coproduction des Laboratoires Blouin et des Législateurs de rêves regroupe 10 courtes comédies, jouées par 10 interprètes-kamikazes.

Les sadiques membres de la compagnie l’Aspic Épique s’entraînent certainement depuis des mois à torturer des guimauves, en prévision de leur show Je suis un pays. Avec ce "théâtre de guérilla poétique tragico-burlesque", le metteur en scène Frédéric Boivin et trois interprètes proposent une série de tableaux impressionnistes sur le thème de l’identité, joués avec ou sans masque. L’équipe est une habituée des marathons théâtraux La Langue à terre, durant lesquels une création est élaborée en 20 heures.

Les Contes de gouttières d’Yvan Bienvenue, mis en scène et interprétés par Vincent Fafard, Maxime Laurin-Desjardins et Emmanuelle Sirois, pourraient réserver de belles surprises. Dans une langue très crue, des "anges déplumés" racontent leurs histoires bétonnées sous un éclairage de lampadaires. Avis aux chevelus, on promet des billets à prix réduit aux courageux qui arboreront une coupe Longueuil, comme Yvan Bienvenue!

Autre curiosité, le retour de la Délégation du cerveau droit, avec le drame économique La Dernière Mise, signé Sébastien-Dominic Bernier. En 2073, des jeunes endettés se mettent à trucider des personnes âgées, pour récolter les compensations financières promises par le ministre de la Santé. Espérons que la réalité ne dépasse jamais cette fiction…

Parmi les autres spectacles à voir, quelques titres accrocheurs: Inconnu à cette adresse, de Kressmann Taylor, un drame se déroulant en Allemagne dans les années 30; le provocant No Man’s Land Show de Dave St-Pierre; On se marie le 24!, une comédie jouée dans une église; Antiviol, un drame du Théâtre Chten Câliss (!), formé d’étudiants du Cégep Lionel-Groulx et de l’École nationale de théâtre; ainsi que Circus Cowboys, un duo d’acrobates issus de l’École nationale de cirque, qui s’habillent à la mode western (ou se déguisent en vaches) et accomplissent des merveilles avec leur lasso. Pour tout savoir des autres délires programmés, rendez-vous au: www.montrealfringe.ca.
Plusieurs happenings gratuits sont prévus en plein air, dont la nuit Couche T’art, durant laquelle le public est invité à manier le pinceau sur deux murales installées au Parc des Amériques (le 20 juin), ainsi que les désormais incontournables Drag Races (le 21 juin, à 14 h), où s’affrontent des concurrentes juchées sur des talons aiguilles, sous le regard de Mado Lamotte et de son jury travesti. Enfin, les festivaliers pourront assister à la remise des prix Frankie, le 22 juin à 22 h, au Parc des Amériques. D’ici là, il ne reste plus qu’à sauter à pieds joints dans la marge…

Du 12 au 22 juin
Info: 849-FEST ou www.montrealfringe.ca