La Boutique au coin de la rue : Rigolo thérapie
Scène

La Boutique au coin de la rue : Rigolo thérapie

Cette année, comme il le fait depuis 14 ans, RÉJEAN VALLÉE passe l’été sur la scène. Il n’était pas encore entré au Conservatoire qu’il faisait ses premières armes au théâtre d’été, ce qu’il considère, encore aujourd’hui, comme une bonne  école.

Qui dit théâtre d’été dit, le plus souvent, comédie. Mais pour amusante qu’elle soit, la comédie n’en est pas moins très exigeante. "Le théâtre d’été, c’est extrêmement formateur, explique Réjean Vallée: dans le rythme, le rapport avec le public. On apprend à jouer en étant concentré avec l’autre comédien et en développant une espèce d’antenne tournée vers la salle, pour voir la réaction des gens: la réussite du comique dépend souvent d’une fraction de seconde. C’est un très bon entraînement, autant pour la comédie que pour le drame. Et puis il y a la vibration du rire… Une salle de 200 personnes riant à gorge déployée, c’est une énergie incroyable. De recevoir cette vague très forte, très spontanée, et d’utiliser cette énergie pour renvoyer ta réplique, c’est un jeu de balle vraiment stimulant."

Réjean Vallée passera l’été dans La Boutique au coin de la rue, pièce adaptée par Evelyne Fallot et Jean-Jacques Zilbermann, d’après le texte de Miklos Laszlo, présentée en grande première au Québec.

Budapest, début des années 30; l’économie chancelle. Dans la boutique de M. Matuschek, chacun se cramponne jalousement à son emploi, et se méfie de quiconque pourrait convoiter sa position. Ainsi voit-on Klara, jeune femme spontanée et charmante, nouvellement embauchée, qui viendra bouleverser l’équilibre de la boutique. Entre elle et son plus farouche ennemi se tisse, à leur insu, une histoire d’amour.

Loin, pourtant, de la simple bluette, La Boutique au coin de la rue peint une galerie de personnages croqués avec finesse, microcosme de la société et reflet de ses problèmes. "Dans un contexte difficile, soit on se ligue, soit on se déchire; il y a un peu des deux, là-dedans. D’une part, les gens sont solidaires, et en même temps, on y trouve le côté "chacun pour soi". La pièce paraît assez simpliste, mais les rapports humains y sont complexes. On s’y reconnaît: dans les travers, dans les bons côtés. C’est aussi une pièce optimiste, qui fait un peu penser à Pagnol, ou à Dickens. Tout ça en fait une pièce charmante."

Réjean Vallée a prêté, récemment, son sourire à Béralde, dans Le Malade imaginaire, a incarné Chopin dans Impromptu et Rieux dans La Peste; il campe ici Vadas, un employé de la boutique. Un méchant… "J’adore ça, parce que ce n’est pas l’image qu’on a de moi, ni au théâtre, ni dans la vie. Mais comme tout être humain, j’ai des paradoxes, et c’est intéressant de les exploiter. Ce que j’aime des méchants, c’est que ce sont souvent des rôles plus mystérieux. Donc, tu es obligé de travailler le dessous, la psychologie du personnage: essayer de comprendre ses motivations, et de les justifier."

Avec les metteurs en scène Pierre-Olivier Scotto et Martine Feldmann, Réjean Vallée donne à son méchant une certaine profondeur. "Dans l’écriture, le personnage est assez sommaire: c’est un gros trait. Les metteurs en scène voulaient en faire quelque chose de plus subtil, et moi aussi. Pour chaque personnage, ils ont eu ce même souci: celui de donner à chacun toutes les nuances."

L’équipe de comédiens avec qui travaille Réjean Vallée est pour lui assez nouvelle: Jean-Louis Roux, qui fête avec cette pièce ses 60 ans de carrière, Jean-Bernard Hébert, Louis-Olivier Mauffette, Myriam Poirier, Sylvain Dubois, Sylvio Archambault, Marjorie Vaillancourt, Odette Lampron, David Fontaine.

"Les metteurs en scène sont arrivés avec un esprit de troupe qui a beaucoup rallié les gens, et qui ressemble à ce qui se passe dans la pièce. Cet esprit d’équipe, de famille, c’est, je crois, la petite touche magique que nous allons apporter à cette pièce."

Du 25 juin au 30 août

Au Théâtre La Dame blanche
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