Patrick Groulx : Le Groulx Fun!
Scène

Patrick Groulx : Le Groulx Fun!

Versez dans la quotidienneté et non dans la vulgarité avec un style truculent et des personnages attachants. Ajoutez une bonne dose de charisme et de générosité et vous avez PATRICK GROULX, jeune humoriste à l’âme sensible.

C’est avec une bonne humeur débordante qu’il s’est pointé au café du boulevard St-Joseph à Hull, par un jeudi après-midi ensoleillé, pour se livrer aux joies de l’entrevue, look ado-décontract et bras tatoué.

Avec un don de la plaisanterie hors du commun, Patrick Groulx est de la génération d’humoristes dans laquelle figurent les Louis-José Houde, Denis Drolet et autres Chick’n Swell. Autrefois comique au sein de la formation Les 4-alogues, il a depuis été le bouffon de plusieurs médiums, tels la radio, la télévision, tout en se produisant sur plusieurs scènes.

Son album d’humour Pousse pas ta luck s’est vendu à plus de 8000 exemplaires et il est présentement l’hôte de l’émission Le Groulx Luxe, c’est n’importe quoi! à Musique Plus dans laquelle il présente des chroniques de l’absurde, testant de nombreuses énigmes insignifiantes de la vie, tels se frotter sur un chat, étant allergique, afin de vérifier en combien de temps les yeux commencent à piquer…

Pour le moment, il est de retour pour l’été dans son patelin d’origine avec son one-man show, le temps de prouver à ses amis d’adolescence, pessimistes quant à sa réussite, qu’il s’est taillé une place prisée dans l’étendue scène humoristique du Québec.

"Je suis un peu tanné des gens qui s’improvisent intellectuels de l’humour en parlant d’humour intelligent et en avançant qu’il y a trop d’humoristes au Québec. Je trouve plutôt qu’il n’y aura jamais assez de place pour les personnes douées. Cela dit, il y a une très bonne qualité d’humour professionnel au Québec. Il y a du choix et un public pour ça…", explique l’artiste qui est stimulé par la nouvelle vague d’humoristes qui fait dans l’absurde et autres railleries de quotidienneté: "Ce qui me frustre, c’est qu’on prétende que les styles d’humour se ressemblent au Québec, mais du moment que quelqu’un propose quelque chose de différent, tout de suite on le plante en disant que c’est de l’humour de cégep et que c’est absurde!", constate Patrick Groulx, donnant en exemple le duo d’humoristes extravagants Les Denis Drolet.

Cordes sensibles
Pas étonnant que ce jeune homme vulnérable se laisse guider par ses émotions lorsque vient le temps d’écrire: "La création de mes personnages s’inspire toujours d’une émotion… Je parle de sujets qui me touchent, comme la maladie mentale ou la solitude, explique-t-il, faisant allusion au personnage de schizophrène de Simon Perron. Lorsque je suis en processus de création, j’ai tendance à me "downer", pour essayer de gratter vraiment le fond des choses."

Que ce soit dans la peau du Brigadier qui "aime ça les pétates", Simon Perron et ses "libellules dans la tête", Rocky Bertrand le chanteur "countré" ou du curé Poirier, Groulx fond littéralement sous ses personnages touchants.

Le volet stand-up de son spectacle traite de sujets élémentaires tels que l’infidélité, l’hypocrisie et l’intolérance. "Je trouve ça intéressant de sortir le petit coté mesquin que tout le monde a, de faire réfléchir… Le numéro sur l’infidélité est celui que je préfère, j’adore voir la réaction des gens, qui se reconnaissent dans ce que j’avance", explique l’humoriste, sacré découverte de l’année au dernier Gala des Oliviers.

Il ne fait pas dans l’autocensure, mais ne se mouille pas pour autant dans la vulgarité. "Mes gags sont crus, mais justifiés, pas gratuits. Je trouve qu’ils ont un certain sens. Je me suis toujours dit: si je suis prêt à assumer mon show et tout ce que j’y dis, il n’y a pas de problème, je fonce!", avance celui qui a été fortement marqué plus jeune par les sketchs de critique sociale des RBO.

Étant originaire de Gatineau, il a vécu son adolescence à Ottawa où il refusait d’apprendre l’anglais, jusqu’à ce que son père lui suggère de rester fidèle à son accent et qu’ainsi il sera toujours considéré comme francophone: "Les Franco-ontariens sont, honnêtement, un peuple que j’ai adoré. J’admire le côté fier qu’ils dégagent. Mes acolytes parlaient peut-être anglais dans la cour de récréation, mais ils étaient fiers d’étudier dans une école francophone! Aujourd’hui, par contre, j’ai compris la valeur de pouvoir parler deux langues."

Le parler franc, Groulx regarde toujours son interlocuteur dans les yeux, et respire une joie de vivre au sourire juvénile qui laisse croire qu’il n’y a jamais eu nuages au-dessus de sa tête. Il corrige: "J’ai un coté sombre, un coté triste, un peu dépressif. J’ai de la misère à comprendre bien des affaires dans la vie… Et sûrement que je ne les comprendrais jamais…"

Jusqu’au 13 septembre , les ven. et sam.
À l’auditorium du Collège de l’Outaouais

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***** ENCADRÉ ****

Le côté givré de patrick Groulx…
– Bonheur?
"Je veux que sur ma pierre tombale, il soit inscrit: "Faites confiance à la vie", puisque j’aurai appliqué cette règle toute mon existence."

– Frustrations?
"L’ignorance, l’intolérance…"

– Succès?
"Le travail, d’abord et avant tout, ensuite le talent."

– Te fait dérider?
"Les Denis Drolet… Meilleur spectacle auquel j’ai assisté. C’est de l’humour d’humoristes, qu’on se plaît à dire, il faut parfois s’emmener ailleurs entre nous…"

– Ta limite en humour?
"La facilité, mais pas la facilité dans le choix de sujets ou de thèmes, mais plutôt dans la forme, la structure d’un gag."

– Caricatures irrévérencieuses?
"Je l’ai fait à la radio, parce que c’était du fast food… mais rarement. Il y en a qui le font bien, mais moi je ne le fais pas parce que je pense qu’on a assez donné là-dedans, ça ne me tente pas, ça ne m’amuse pas…"

– Relations d’humoristes?
"Il y a parfois un manque de générosité et un peu de jalousie entre humoristes au niveau de l’écriture. Mais il y a quand même des chums qui s’entraident et qui se tiennent les coudes. Je pense que pour être humoriste, il faut être terre-à-terre, "groundé", parce que pour rire de nous comme nous le faisons, et pour décortiquer les affaires comme ça, il ne faut pas se prendre au sérieux" (M. Proulx)