Les Grands Ballets Canadiens : Ouverture sur la danse
Scène

Les Grands Ballets Canadiens : Ouverture sur la danse

Depuis plus d’une dizaine d’années, les Grands Ballets Canadiens nous font l’honneur d’une petite visite traditionnelle de quelques jours au Théâtre de Verdure du parc La Fontaine. Un court passage qui permet toutefois à plusieurs milliers de spectateurs d’avoir accès gratuitement à certaines des plus belles oeuvres appartenant au répertoire de la compagnie.

Du 26 au 28 août prochains, ils nous donneront à voir deux oeuvres du chorégraphe espagnol Nacho Duato: Without Words et Jardì Tancat. Ceux qui ne connaissent pas le travail de cet artiste, chéri des Montréalais depuis près d’une quinzaine d’années, pourront découvrir un univers envoûtant à l’intérieur duquel s’harmonisent avec brio musique et mouvement. En effet, l’une des caractéristiques singulières des créations de ce maître d’oeuvre est sans doute cet instinct particulier qui lui permet d’agencer les notes des grands compositeurs à une gestuelle ondulatoire s’inscrivant comme un écho corporel au chant des instruments; un dialogue où la virtuosité des interprètes procure une couleur majestueuse au discours poétique.

Nous aurons l’occasion de voir se concrétiser ce phénomène lors de Without Words. Une pièce que les GBCM ont dansée en mai dernier, en première partie d’une soirée mettant à l’honneur le chorégraphe Mats Ek. L’argument de cette pièce tourne autour d’une dualité à laquelle tout être humain est confronté durant son existence: amour et mort. Éros et Thanatos sont alors incarnés à travers une fusion dynamique entre le duo pour violoncelle et piano de Schubert et les duos dansés. Cette pièce, ayant été montée en première mondiale pour les GBCM en 2000, est le dernier ballet de Duato à s’inscrire au répertoire de la compagnie montréalaise.

Jardì Tancat, pour sa part, est déjà au répertoire depuis 1989. Cette pièce, qui avait pris forme durant un atelier, au Nederlands Danse Theater en 1983, est la toute première création de Nacho Duato. Nous touchons donc visuellement à une page d’histoire lorsque nous nous retrouvons en face d’une telle oeuvre. Celle-ci nous offre un aperçu des préoccupations artistiques du chorégraphe en début de carrière, lesquelles évoluaient en général autour de thèmes tels que le travail de la terre, le folklore, la liberté et l’amour… comme on peut le voir également dans son ballet Arenal (1988) et dans sa merveilleuse et touchante pièce Rassemblement (1990).

Jardì Tancat signifie "jardin fermé", en catalan. À l’époque, Duato s’était inspiré de contes folkloriques catalans chantés par Maria del Mar Bonet. Ceux-ci font le récit de la vie quotidienne des paysans aux prises avec des éléments qui ne favorisent pas une récolte abondante. Il s’agit donc d’une supplication lyrique à Dieu, que le chorégraphe traduit corporellement à travers des mouvements d’une vive intensité, exécutés par trois couples de danseurs qui s’appliquent – de manière narrative – à ensemencer et labourer la terre stérile de la Catalogne.

Mais la scène ouverte du Théâtre de Verdure convient-elle au ballet? "Pour les danseurs, c’est un avantage d’être à l’extérieur, car avec le parc, on a vraiment l’impression d’être en harmonie avec la nature… et ça colle très bien à la thématique de Jordì Tancat", me confie Rachel Rufer, première danseuse aux Grands Ballets. "De plus, poursuit-elle, c’est agréable de sentir l’air, le vent ou l’humidité, s’il vient de pleuvoir. Ça nous inspire tous et je crois même que l’osmose est plus grande entre nous dans ces moments-là. Pour les interprètes, ça nous amène beaucoup plus loin… plus facilement."

Et pour la gestuelle, n’y a-t-il pas des ajustements à faire lorsque l’on passe d’une scène intérieure à une scène extérieure? "Dans ce cas-ci, aucune, m’explique Pierre Lapointe, maître de ballet, car la gestuelle de Duato est assez forte pour capter l’attention du public, même sur une immense scène à ciel ouvert."

Est-ce alors très difficile et exigeant, danser les pièces de Nacho Duato? "Pas nécessairement, me répond l’homme d’expérience, car c’est ce qu’on appelle de la danse organique. C’est épuisant, certes, mais c’est très fluide." "D’un mouvement découle le suivant, rajoute la danseuse. C’est aussi très musical… donc ça résonne en nous et ça devient naturel."

Il est à noter que les trois soirées de ballet débuteront à 19 h 30. Et non 20 h 30, comme il avait été annoncé auparavant. L’ouverture des portes se fera 30 minutes avant le spectacle. Aussi, les GBCM tiennent à vous annoncer en grande primeur qu’ils inaugureront leur prochaine saison, le 16 octobre 2003, avec la première mondiale d’une "version remix" modernisée de Cendrillon… À suivre!

Du 26 au 28 août
Au Théâtre de Verdure du parc La Fontaine
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