Danse buissonnière
Tangente ouvre également sa saison 2003-2004 sur un ton jeune et frais. Nous retrouverons, entre autres, la première chorégraphie du jeune interprète Manuel Roque, que plusieurs ont pu voir danser pour la compagnie de danse jeune public Bouge de là, de la chorégraphe Hélène Langevin, ainsi que dans la récente création de Dominique Porte.
Sa pièce Brendon et Brenda se veut une caricature haute en couleur, clownesque et totalement débridée des feuilletons télévisés américains qui lobotomisent le cerveau de nombreux citoyens avec les stéréotypes poussiéreux qu’ils propagent et dont ils encouragent le maintien. "Je me suis aussi inspiré de l’oeuvre de Beckett, ajoute ce nouveau chorégraphe. Car les personnages de ma pièce sont, de la même façon que les personnages d’En attendant Godot, un peu en attente de quelque chose qui ne vient jamais. Ils sont également affligés du même manque de volonté, de la même pusillanimité."
En outre, on sentira tout au long du spectacle les fils d’un personnage (Indiana Escach) manipulant ce qui se passe sur scène, du haut de son perchoir dont il est ironiquement prisonnier. Alors qu’en bas, deux interprètes (Lucie Vigneault et Manuel Roque) se donneront la réplique gestuelle au son d’une musique volontairement répétitive.
"Au premier coup d’oeil, ça a l’air d’une pièce drôle, mais ce n’est pas le cas, m’avoue le jeune créateur. Ce que je cherche à représenter, c’est en quelque sorte le zoo humain et la cage, faite de stéréotypes, dans laquelle nous sommes parfois enfermés. Je trouve ça plutôt tragique, car beaucoup de gens vont vivre toute leur existence sans jamais se rendre compte qu’on a choisi pour eux ce qu’ils devaient consommer, penser, être, etc."
Cette pièce de 10 minutes devrait éventuellement prendre de l’expansion dans un proche avenir. Mais pour l’instant, Manuel Roque voulait s’attarder davantage à créer un univers et une esthétique qui lui soient propres, plutôt qu’une longue pièce composée d’une gestuelle dense et structurée. "Ce qui m’intéresse, me dit-il à ce sujet, c’est davantage l’énergie, plutôt que l’aspect purement formel de la gestuelle." Ceci, malgré le fait qu’il soit fortement imprégné, en ce moment, d’une gestuelle très formelle à cause de son travail avec Dominique Porte.
Quand on lui demande s’il trouve difficile de danser à la fois pour lui et pour d’autres chorégraphes, il répond: "C’est en effet un peu schizophrénique comme état, car on doit continuellement être séparé en deux… que ce soit par rapport au travail d’un autre ou par rapport au double rôle de chorégraphe-interprète."
Au menu de la soirée de Danse buissonnière s’ajoutent les oeuvres de cinq autres jeunes chorégraphes de la relève. Il s’agit de Blou Take Too, d’Élodie Lombardo; Habitacle, de Ségolène Marchand; Libelloula in utero, d’Amélie Lévesque-Demers; Buisson et autres nouvelles, de Marie Béland et Crise en tête, de Marie-Josée Lareau.
Une programmation qui s’annonce fort intéressante. Parmi celle-ci, trois noms à surveiller: Élodie Lombardo, Marie Béland et Manuel Roque, bien entendu!
Du 11 au 14 septembre
À Tangente
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