Fred Pellerin : Numéro de contes
Scène

Fred Pellerin : Numéro de contes

Né à Saint-Élie-de-Caxton, FRED PELLERIN raconte les histoires de son village. Des vieilles et des neuves. Évidemment, plus de magasin général, mais le dépanneur et le centre commercial. Les lieux changent, mais la vie d’un village ou d’un quartier, c’est toujours les mêmes histoires, à Saint-Élie ou à Vladivostok.

Pour Fred Pellerin, le conte s’actualise de lui-même, sans qu’on lui demande. "On n’invente rien. Des fois j’ai l’impression de sortir une nouvelle trame. Mais si je vais dans les archives, je vais fouiller une heure, pis je vais la trouver quelque part. C’est la force du conte, il a toujours été actuel, mais il est jamais le même. Le traditionnel pure laine, on sait pas ce que c’est, mais le conte ne peut pas être anachronique. "Il était une fois", c’est un moment hors du temps, ou un temps mythique. C’est atemporel."

Son nouveau spectacle, intitulé Il faut prendre le taureau par les contes!, tourne autour d’un personnage coloré de son patelin. "Babine, c’est le fou de mon village, qui est décédé il y a deux ans. Tous les villages ont leur fou, même les quartiers en ville, chacun a son personnage. En fait, on rit de lui pendant deux heures, pour se rendre compte à la fin que c’était un hommage."

Et le public suit, jusqu’au bout, des jeunes aux vieux, même si les références ne sont pas les mêmes. "Souvent, voir un spectacle de contes, ça donne envie de conter. Le conte, c’est accessible. T’as pas besoin d’aller à l’université pour apprendre à conter, t’as pas besoin d’un investissement de 74 millions de dollars pour avoir des pétards à mèche pis un orchestre. Ça prend une chaise de bois pis c’est toute."

Il y a un regain d’intérêt pour le conte traditionnel: dans les grands centres, le public des veillées est très jeune et les soirées à micro ouvert permettent à tout le monde d’y aller de sa petite histoire. Mais il faut parfois aller aux sources. "On les écoute pas assez, les vieux. Dans leur bouche, y a une sagesse polie par le temps. Plus tu vieillis, plus tu dois être sage, plus tes réactions doivent être justes. Les vieux parlent comme des poèmes." Fred, lui, les écoute avec attention. Il y puise son inspiration et, malgré qu’il admette être un "enfant du zappage", il tente de préserver ce qu’il y a de plus beau dans notre mémoire populaire. "L’autre jour, Mémère, ma voisine, m’a dit: "Tiens, le diable bat sa femme pour avoir des crêpes." Ce qu’elle voulait dire, c’est qu’il brumassait. Ils ont ça dans leur bouche pis si on les écoute pas, ça va se perdre ou ça va être consigné dans des livres, des archives qu’on n’ose pas ouvrir pour pas les briser."

Fred travaille donc un peu à la manière d’un ethnologue qui serait trop ébloui par ses découvertes pour les consigner. "Oui, je fais une forme de collecte, mais pour la repasser après; je garde pas ça longtemps. Quand j’entends quelque chose, je le mets en forme, je le mijote et je le passe."

Le 24 septembre

Au Théâtre Petit Champlain/Maison de la Chanson
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