Les Sept péchés capitaux des petits bourgeois : Écoutez-moi mon père car j’ai péché…
Paresse, orgueil, colère, gourmandise, luxure, avarice et envie: vices interdits par l’Église et générés par l’Homme. Un metteur en scène se confesse…
"Ce sont des doctrines fondamentales à l’être humain qui ne viennent pas uniquement de nos grands-parents ou de la religion, c’est l’humain qui profondément les respecte pour devenir une meilleure personne, pour son prochain, pour lui-même, mais aussi pour une paix intérieure, au lieu de l’angoisse, le stress qu’on s’inflige pour réussir à tout prix. Ça va être là encore dans cent ans", affirme Pier Rodier, metteur en scène de la pièce Les sept péchés capitaux des petits bourgeois, première production de la saison automnale de la Nouvelle Scène. Dans le style des légendaires cabarets berlinois, la pièce mi-réelle mi-mythologique, est le fruit de la célèbre collaboration du dramaturge allemand, Bertolt Brecht et de Kurt Weill, dans une version adaptée de Réjean Ducharme.
L’oeuvre dépeint l’histoire de deux soeurs, Anna 1 et Anna 2 (qui ne sont en fait qu’une seule Anna) qui, sous la pression de la famille, partent chercher fortune afin de construire une maison en Louisianne. Sur le chemin qui les conduit dans sept villes différentes, les deux Anna (Dalelle Mensour et Nathaly Charrette) doivent éviter les uns après les autres, les sept péchés capitaux.
À la façon Vox Théâtre, puisqu’il en est le directeur artistique, Pier Rodier revisite l’oeuvre de Brecht, construit autour de sept poèmes chantés et d’une narration silencieuse qui prend la forme de pantomimes racontant les actions des deux Anna. "Je laisse les mots parler d’eux-mêmes, parfois je viens les appuyer, mais je les laisse plutôt flotter poétiquement vers le public, explique le metteur en scène. Le fait de travailler avec un texte qui a fait son chemin, ça me permet d’aller plus loin dans le symbolisme scénique. En ce moment, il y a beaucoup de théâtre porteur d’images télévisuelles et cinématographiques avec un jeu très réaliste et j’avais le goût de faire travailler les acteurs dans une gestuelle très corporelle avec un côté vocal, chanté."
Le texte qui situe l’action dans les années 30, dépeint les États-Unis de l’époque, avec une symbolique sur le rêve américain et le capitalisme.
"Je trouve qu’il y a une résonance avec ce qui se passe aujourd’hui dans la façon dont la société est devenue tellement consommatrice, matérialiste. Je pense que l’on a oublié notre côté humaniste. On est en train de brûler la planète, de profiter des gens vulnérables", atteste Pier Rodier.
Mais le passionné metteur en scène tient mordicus à ce qu’on ne le prenne pas pour un moralisateur: "C’est dangereux lorsqu’on essaie de proposer des nouvelles choses à la société, il ne faut pas répéter les "patterns" du passé. Je ne défends aucune thèse, dans le fond, je suis juste là pour faire une image miroir de la société. C’est notre rôle en tant qu’artistes de remettre en question les agir des êtres humains. C’est peut-être très socialiste comme discours, mais peut-être aussi que c’est la place du théâtre de l’être."
Jusqu’au 4 octobre
À la Nouvelle Scène
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