Scènes d'intérieur : Climat de confidence
Scène

Scènes d’intérieur : Climat de confidence

Après Te souvient-il, SYLVAIN ÉMARD nous propose Scènes d’intérieur, pièce qui, en plus des défis techniques, exige de ses danseurs qu’ils livrent une grande part de leur intimité.

Y a-t-il quelque chose de plus formel qu’un objet? C’est ce que croyait Sylvain Émard lorsqu’il a demandé à chacun de ses danseurs de lui parler d’un objet qu’il aimait. Il souhaitait alors pousser plus loin sa recherche formelle de la danse. "Mais ce n’est pas ce qui est arrivé, raconte-t-il. Je me suis rendu compte qu’à travers ces objets-là, on finit toujours par parler de l’importance des autres dans nos vies. Le processus a pris rapidement une autre tournure. La pièce tourne donc autour du besoin des autres dans notre vie. Comme il y a six danseurs, c’est un peu une représentation des rapports sociaux: il y a des rapports amoureux, d’amitié, de rivalité…"

Les objets en question conserveront tout leur mystère. Sur scène, nous verrons plutôt des images vidéo des appartements des danseurs qui "aident à créer un sentiment de confidence", affirme le chorégraphe. En étouffant le son des pas, le tapis qui recouvre la scène contribue lui aussi à l’atmosphère intime et feutrée qu’il recherchait. De son côté, le compositeur Michel F. Côté a intégré à sa musique pour cordes et percussions des sons qui évoquent la présence des voisins.

Cette mise en scène peut faire penser au théâtre. Le chorégraphe considère par contre que ses spectacles offrent une expérience fort différente de celle du théâtre. "J’aime bien m’adresser au spectateur à travers les sens plutôt qu’à travers l’intellect, dit-il. Même si derrière chacune de mes pièces, il y a énormément de réflexion, le résultat, lui, doit réussir à faire oublier ce questionnement et faire vivre une expérience physique au spectateur… Finalement, c’est aussi simple que de se laisser aller à écouter de la musique." S’il cherche à "faire une musique des corps", il est tout de même conscient que la danse ne peut être totalement abstraite: le spectateur a forcément tendance à prêter des émotions aux interprètes, à s’inventer des histoires.

Sylvain Émard est reconnu pour sa gestuelle inventive, détaillée et sensible qui utilise toutes les parties du corps. Avec Scènes d’intérieur, il a travaillé à dissocier le haut et le bas du corps, en particulier lors d’un passage dont il parle avec enthousiasme. "Les danseurs font une série de pas identiques à l’unisson et chacun fait des mouvements différents avec les bras, le tronc et la tête, à des rythmes différents. Comme ils ne comptent pas, il faut qu’ils soient à l’écoute des autres, même s’ils ne font pas la même chose en même temps…" Il fait d’ailleurs une analogie avec les deux mains du pianiste qui doivent jouer des partitions différentes. "Les danseurs le font avec une coordination assez impressionnante, poursuit-il. C’est ma séquence préférée!"

Nommons-les donc, ces six danseurs virtuoses: Nathalie Blanchet, Marc Boivin, Sandra Lapierre, Parise Mongrain, Blair Neufeld et Michael Trent.

Du 2 au 4 octobre

À la Salle Multi
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